Publié le 18 février 2021 | par Louis DAUBIN

Gilles Bellemère : « L’offre électrique peut, selon son usage, afficher un TCO meilleur que celui du thermique »

ALD Automotive gère aujourd’hui un parc automobile de plus d’un demi-million de véhicules en France et 1.76M à travers le monde. Ce poids stratégique permet à l’entreprise d’avoir une vision globale sur l’avenir de l’électrification du parc automobile dans les entreprises. Pour Gilles Bellemère, directeur général ALD Automotive France, les entreprises sont prêtes à la transition, mais elles souhaitent ardemment être accompagnées dans leur démarche

itw_ald_photo1.jpgKMS : Doux euphémisme, l’année 2020 a été un brin compliquée. Pour autant, comment l’abordiez-vous avant le développement de la pandémie ?
G. B. : Effectivement, nous n’avions jamais connu une année comme celle que nous venons de vivre. Néanmoins, nous avons pu mener à bien notre chantier qui concernait l’intégration de Parcours qu’ALD Automotive avait racheté en 2016. Nous avons ainsi associé tous les savoir-faire commercialisés sous les marques ALD Automotive et Parcours pour les regrouper sous une seule entité, appelée le programme ALD Demain. Cette fusion permet désormais de communiquer d’une seule voix et de proposer des services de mobilité étendus. Pour se faire, nous nous appuyons sur les dix-huit sites de Parcours composés d’une agence de location, d’un parc de véhicules d’occasion et pour neuf d’entre eux, d’un atelier de réparation. Ces sites qui s’appellent désormais ALD Mobility Center sont nos empreintes physiques qui nous permettent de nous rapprocher de nos clients.

KMS. Le télétravail va-t-il avoir un impact pérenne sur les entreprises et dans la façon de se déplacer des collaborateurs ?
G. B. : Difficile à dire. Le télétravail, qu’il ne faut pas confondre avec le travail à distance, nous a appris que l’on pouvait travailler sans forcément se déplacer. Pour autant, je ne crois pas que la période que nous traversons aura un impact majeur sur l’importance des flottes au sein des entreprises car la voiture de fonction joue encore un rôle important dans l’écosystème de l’entreprise, dans le recrutement par exemple, et sa fiscalité n’est pas pénalisante. A contrario, je pense que les gros rouleurs ne disparaitront pas, mais ils seront peut-être moins nombreux. En outre, nous pensons également que cette année aura un impact sur les lois de roulage.

KMS : Observez-vous une évolution du parc automobile au sein des entreprises ?
G. B. : Nous disposons d’un parc de plus de 550 000 véhicules dont 320 000 en LLD. Le parc est majoritairement diesel, mais nous constatons que les prises de commandes sont majoritairement non-diesel. Cette tendance n’est pas aussi récente que l’on voudrait le penser.. Cela fait maintenant près de 5 ans que nous enregistrons progressivement une baisse des commandes diesel. Dès lors, les entreprises se tournent vers des énergies alternatives comme les véhicules électrifiés (PHEV ou BEV) ; à fin décembre, ils représentaient 17% de nos prises de commandes.

KMS : Justement, dans ces prises de commandes « non-diesel », quelle est votre analyse ?
G. B. : Je pense qu’aujourd’hui, nous sommes à la charnière entre deux mondes. Le champ des possibilités du véhicule électrifié, toute technologie confondue, est énorme mais son écosystème est encore balbutiant et peu structuré. Les clients se posent beaucoup de questions et notre mission première est de les accompagner. Prenons l’usage des véhicules hybrides rechargeables. Il s’agit de la technologie qui a probablement besoin le plus de pédagogie et de formation. Notre rôle est donc d’analyser les besoins des entreprises et de les conseiller dans le but d’optimiser leur coût de mobilité avec une approche globale. Car contrairement à un modèle thermique, le choix d’un véhicule électrifié, électrique ou hybride rechargeable, s’appuie sur un écosystème spécifique qui doit impérativement intégrer le coût et la disponibilité de la recharge. Lorsque tous les paramètres ont bien été intégrés, nous pouvons dire que l’offre électrique affiche un meilleur TCO que le thermique.

KMS : Cela signifie-t-il donc pour vous la fin du diesel dans les entreprises ?
G. B. : Non, je ne pense pas. Mais d’ici cinq à six ans, sur le marché des véhicules particuliers, la part du Diesel aura enregistré une baisse significative qu’il est toutefois difficile d’évaluer avec précision !

KMS : Comment accompagnez-vous alors cette tendance ?
G. B. : Nous avons effectivement de très fortes ambitions sur le véhicule électrifié. Dans le cadre de notre plan stratégique Move 2025*, nous prévoyons que d’ici quatre ans, 30 % de nouveaux contrats seront des modèles électrifiés et qu’ils représenteront une vente sur deux d’ici la fin de la décennie. Pour répondre à nos ambitions, nous nous appuyons sur plusieurs leviers à savoir segmenter notre clientèle afin de proposer les produits les plus adaptés et mettre en place une approche sur les coûts globaux de détention, incluant notamment la recharge.

KMS : Quelle est l’attitude de vos clients sur l’électrique ?
G. B. : Encore une fois, nous constatons beaucoup d’interrogations, principalement sur l’autonomie et sur la recharge. À terme, je pense d’ailleurs que pour développer l’électrique, entre l’autonomie et la recharge rapide, il faudra privilégier ce deuxième point. Car au-delà e l’autonomie, la question cruciale reste : combien de temps faut-il pour recharger ? Si un « plein de batterie » se refait en quelques minutes, l’autonomie n’est plus un problème.

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KMS : Pensez-vous que l’électrification du parc automobile passera par l’hydrogène ?
G. B. : Les gouvernements français et allemands sont très actifs sur ce sujet, mais les défis qui nous attendent sont très importants ; ils portent aussi bien sur la production que sur le stockage et la distribution. Pour que l’hydrogène puisse se développer, il faudra donc une politique très volontariste de la part des États et surtout des investissements, notamment dans la distribution, colossaux.

KMS : Le véhicule d’occasion est-il une piste de développement pour ALD ?
G. B. : Clairement. En 2025, le groupe ALD a pour ambition de mettre à disposition 125 000 véhicules d’occasion en LLD*. Cela sera quinze fois plus qu’en 2020. Les prix moyens de nos VO (en véhicules particuliers NDLR) est d’environ 10 000 €. Cette offre peut séduire un grand nombre d’entreprises qui souhaitent contenir leur budget voiture. Et pour ce prix, vous avez la possibilité de rouler avec un diesel.

KMS : On parle beaucoup de la mobilité. Quels sont les services sur lesquels vous travaillez ?
G. B. : Aux Pays-Bas, nous venons de lancer une carte multimodale qui permet à son détendeur de se déplacer en voiture, train, vélo, taxi, etc… Mais il s’agit d’un travail de longue haleine car il implique de nombreuses sociétés tierces avec lesquelles nous devons mettre en place des partenariats.
En France, nous travaillons également sur de nouveaux services que nous aurons très prochainement l’occasion de vous présenter pour compléter notre actuelle (autopartage, mobilité douce, switch, …).

KMS : Dans cette période chahutée, quels conseils donneriez-vous à nos lecteurs ?
G. B. : C’est normal que les chefs d’entreprise soient aujourd’hui quelque peu déboussolés car la fiscalité et la technologie ne cessent d’évoluer. Nous les comprenons d’ailleurs d’autant plus que nous nous sommes posés auparavant les mêmes questions qu’eux ! Mais qu’ils nous fassent confiance. Je rappelle que nous gérons quotidiennement un demi-million de véhicules en France. Nous avons donc suffisamment de recul pour les accompagner et leur proposer les solutions adéquates à leurs besoins.

Propos recueillis par Christophe Bourgeois et Louis Daubin

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