Publié le 16 février 2021 | par Louis DAUBIN

Anne-Lise Richard : « Si le temps de recharge baisse, l’usage de l’électrique devient possible »

La Directrice de la Business Unit Electrification du groupe PSA évoque le bon usage de motorisations électriques et hybrides rechargeable et leurs évolutions techniques à venir.

itw_photo1.jpgKilomètres Entreprise : Le véhicule électrique convient-il aux entreprises ?
Anne-Lise Richard : En fait, la question que vous me posez est celle de la pertinence de l’usage du véhicule électrique en entreprise. Tout d’abord, le mouvement vers le véhicule électrique répond à une volonté de l’Union Européenne d’abaisser les émissions de CO2 des voitures vendues. Cette législation se double d’une fiscalité française qui appuie le mouvement. L’électrification est donc une tendance de fond. Et le groupe PSA propose une offre large de véhicules électrifiés, 9 électriques et 6 hybrides rechargeables, pour les entreprises. Et notre offre de véhicules utilitaires électriques est actuellement en cours de déploiement.

KMS : Ceux-ci sont-ils plus pertinents que les voitures particulières ?
A-L.R. : Le véhicule utilitaire électrique a un avenir car il est adapté et logique pour réaliser certaines missions. Et un utilitaire a, par définition, un usage professionnel ; la question des utilisations marginales du véhicule pendant le week-end ne se pose pas. Mais, si les usages sont compatibles, les voitures particulières électriques peuvent également répondre aux besoins. En ce qui concerne, les voitures hybrides rechargeables, il convient de bien identifier le type de trajet qui sera réalisé. Une hybride rechargeable n’a de sens que lorsqu’il est possible de se charger le plus fréquemment possible. Pour les entreprises, nous présentons ce type de motorisations de la façon suivante : l’hybride rechargeable c’est l’électrique au quotidien et le thermique pour aller plus loin. En en termes de clientèle, notre offre hybride rechargeable est largement déployée au sein des gammes de nos quatre marques. Et les acheteurs sont là : à fin septembre, 36 % des DS vendues étaient électriques ou hybrides rechargeables et, pour Peugeot, cette part est de 10 %.

KMS : Quel est le profil de ces acheteurs ?
A-L.R. : Nous n’avons pas d’étude précise sur le marché français, mais nous savons déjà que la part des jeunes est plus élevées parmi les clients de Corsa e en Grande Bretagne que pour les autres motorisations et il en est de même pour la tranche d’âge la plus élevée. Pour les hybrides rechargeables, nous constatons que les acheteurs sont des personnes plus à l’aise avec la technologie.

KMS : Comment le groupe PSA voit-il l’évolution de l’hybride rechargeable ?
A-L.R. : Nous pensons que l’hybride rechargeable est une solution de transition, qui sera supplantée à long terme grâce aux progrès des batteries et de la motorisation électrique. Voici pourquoi le groupe PSA développe actuellement une plateforme électrique, dénommée EVMP, destinée à porter une future offre de voitures électriques de gammes moyenne et haute. Celles-ci seront commercialisées dans quelques années. La décision de développer cette plateforme et une future gamme de voitures vient du fait que nous nous sommes aperçus qu’à partir du moment où un client était compatible avec un usage électrique, il n’a pas forcément intérêt à aller vers l’hybride rechargeable, mais peut franchir le pas vers le tout électrique.

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KMS : A moyen terme, il n’y aura plus de frein au tout électrique ?
A-L.R. : Je ne l’exprimerai pas comme cela, mais le point dur actuel n’est pas l’autonomie, c’est le temps de recharge. L’usage et la recharge déterminent le choix. Si le temps de recharge baisse, l’usage de l’électrique devient possible pour un plus grand nombre d’usages.
Par ailleurs, les utilisateurs de voitures électriques disposent, en cas de panne d’électricité d’une assistance qui les ramène à un point de recharge.

KMS : Justement, quelle analyse faites-vous du problème des bornes de recharge ?
A-L.R. : Le groupe PSA ne désire pas être un acteur dans ce domaine. Nous n’investissons pas dans des réseaux de charge sur la voie publique comme certains de nos concurrents le font. Nous pensons que cela n’est pas notre métier. En France, il existe un plan de déploiement dont l’objectif est d’atteindre les 100.000 bornes installées fin 2021. Nous constatons que neuf fois sur dix, les utilisateurs de voitures électriques rechargent à la maison. De plus, la marque DS offre le pass ChargeMyCar à ses clients.

KMS : Comment vont évoluer les futures générations d’hybrides rechargeables ?
A-L.R. : Pour les hybrides rechargeables, l’augmentation de l’autonomie n’est pas un objectif ; En supposant que cela corresponde à une demande client, il faudrait réduire le volume utile pour loger des batteries. Ce n’est pas la voie que nous avons choisi. Ce que nous avons identifié comme primordial concerne la réduction du temps de recharge. Nous avons l’objectif d’abaisser celui-ci à 30 minutes, car nous estimons que cette durée est acceptable par le client.

KMS : Comment estimer les coûts d’utilisation ?
A-L.R. : Quand nous réalisons des calculs de coûts d’utilisation, nous ne comptons pas le coût d’installation des systèmes de recharge. C’est très compliqué car il y a autant de coûts différents que de cas d’implantation des bornes que ce soit en entreprise ou à domicile. Le premier prix d’une Wallbox est de 540 euros HT. Il ne s’agit pas d’un surcoût trop important.

KMS : Le développement des ventes de voitures électrifiées est-il de la même ampleur dans d’autres pays ?
A-L.R. :Oui à peu près : la législation européenne est uniforme et les différentes fiscalités nationales poussent dans le même sens. En Europe, quelques pays représentent plus de la moitié des ventes. Ainsi, 25 % des ventes du marché allemand sont réalisées par des voitures et hybrides rechargeables. En Europe du sud, les volumes de ces voitures sont plus faibles car le maillage des bornes y est moins dense.

itw_photo3.jpgKMS : Quelles évolutions techniques devons-nous attendre dans le domaine des batteries ?
A-L.R. : Les actuelles batteries lithium-ion vont continuer à évoluer notamment dans leur chimie. Actuellement, le groupe PSA s’approvisionne en batteries auprès de fournisseurs chinois ou coréens. A moyen terme, nous achèterons également des batteries auprès d’ACC (Automotive Cell Company), la co-entreprise créée avec Total. Celle-ci disposera, en 2023, de deux usines, l’une France et l’autre en Allemagne. L’objectif est que le groupe PSA s’approvisionne en Europe.

KMS : Sur quelles autres solutions techniques travaillez-vous ?
A-L.R. : Nous aurons, d’une part, une offre avec de l’hybridation plus légère en 48 volts et, d’autre part, une première flotte de véhicules à hydrogène à la fin 2021. Il s’agira des fourgons dans leurs versions transport de personnes, Peugeot Traveller et Citroën SpaceTourer qui peuvent répondre aux besoins d’exploitants de navettes. Le groupe PSA a l’objectif de réaliser 30 % de ses ventes en 2025, et 60 % en 2030 avec des véhicules électrifiés.

KMS ; Que diriez-vous en conclusion ?
A-L.R. : Je dis aux chefs d’entreprises qu’au sein de l’offre du groupe PSA, ils ont le choix des motorisations et ils doivent se décider en fonction de leur usage. Un véhicule électrique est quatre fois moins coûteux en énergie que son équivalent essence et, de plus, son entretien est 30 % moins onéreux.

Propos recueillis par Louis Daubin et Bertrand Gay

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