Publié le 7 juin 2018 | par Rédaction

Cinq points clés :
– Le risque routier est mal évalué par le dirigeant.
– Les accidents de la circulation représentent la première cause de mortalité au travail.
– La loi impose à l’employeur, depuis le 1er janvier 2017, de désigner le salarié ayant commis une infraction au volant d’un véhicule immatriculé au nom de l’entreprise (art. L 121-6 C. route).
– Ce sont environ 65 % des chefs d’entreprise qui désignent désormais via internet ou via une convention avec l’Antai.
– Le nombre d’infractions routières relevées au volant d’un véhicule professionnel (3,2 millions) a diminué de 9,4 % en 2017.

Dossier réalisé par Jean-Christophe Lefèvre

L’arsenal législatif concernant les limitations de vitesses en France et autres délits routiers pour une utilisation professionnelles autant que personnelles de l’automobile est simple dans son principe – répression et dénonciation dorénavant – mais complexe dans son application, surtout pour un dirigeant de PME qui n’a pas les moyens d’une gestion ad hoc des PV de ses employés. L’esprit de la loi, toute la loi mais rien que la loi : nous avons été y voir de plus près pour que vous connaissiez à la lettre la loi, sans vous faire abuser par celle-ci. Explication.

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Tout commence – et parfois se gâte – avec le comportement d’une personne qui, dans le cadre d’une utilisation professionnelle de son véhicule ou de celui de son entreprise, baisse déjà la garde par rapport au risque routier global. Selon une récente étude IFOP (sur 507 personnes, mi-2017) pour Fleetmatics (logiciels de gestion de flottes), 9 conducteurs sur 10 de véhicules mis à disposition par leur entreprise (voitures de fonction, véhicules de sociétés, etc.) ont eu au moins un comportement à risque, qu’il s’agisse d’utilisation du téléphone, d’excès de vitesse, de consommation d’alcool ou de médicaments.

Pire, alors qu’un accident sur dix est provoqué par l’utilisation au volant d’un téléphone, celui-ci est toujours largement consulté dans le cadre de la conduite professionnelle. En effet, 61 % des personnes interrogées affirment consulter leur smartphone au volant au moins une fois par mois, une personne sur deux au moins une fois par semaine (48 %) et plus du tiers presque tous les jours (35 %) ! Un comportement plus marqué chez les indépendants et les commerciaux (61 %), et chez les conducteurs de VUL (57 %). Et pourtant, la moitié des personnes interrogées ont pourtant le sentiment d’avoir un comportement dangereux.


Coyote veut séduire les professionnels
Le pionnier des avertisseurs de radars ne pouvait rester plus longtemps absent du secteur des professionnels et des flottes et a donc créé Coyote Business, des offres dédiées aux pros et réservées aux entreprises détenant déjà ou souhaitant s’équiper d’un parc d’au moins 5 boîtiers. En tout, pas moins de 30 types d’alerte en temps réel sur la sécurité routière, l’info trafic, les zones de dangers et les événements programmés sont disponibles sur le boîtier. Coyote Business y ajoute l’assistance en cas de problème, le remplacement du boîtier en cas de problème technique sur site, la prise en main durant toute la durée du contrat. D’autres services innovants sont annoncés progressivement pour cette année.


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Quelle responsabilité pour le Chef d’entreprise ?

Dans le même registre, selon le baromètre d’Axa Prévention sur les trajets professionnels (septembre 2017), sur un trajet de 17 km, un conducteur commet en moyenne neuf infractions au Code de la route… mais onze dans un contexte professionnel ! Les dirigeant de PME n’ont donc pas tous pris conscience du risque routier de leurs employés, loin de là. Selon une troisième enquête pour MMA menée par l’IFOP auprès d’entreprises de moins de 50 salariés (avril 2016 et avril 2017), moins d’un dirigeant sur quatre met le risque routier au premier rang des accidents professionnels. Pourtant, la responsabilité du dirigeant, lors d’un accident impliquant un salarié en mission, est reconnue par 60 % d’entre eux.

Et le risque est important : en cas de décès du salarié, il encourt une amende maximale de 45 000 euros au pénal et jusqu’à trois ans de prison s’il a « soit violé de façon manifestement délibérée une obligation de sécurité, soit commis une faute caractérisée exposant autrui à un risque d’une particulière gravité qu’il ne pouvait ignorer ». Il doit donc « prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé de ses salariés » (article L. 4121 du Code du travail). S’il a omis de rédiger un DUER ou de lancer des actions de prévention (voir sur le site de la Sécurité routière : http://entreprises.routeplussure.fr), sa faute inexcusable pourra être invoquée.

Ces chiffres ont donc de quoi motiver les chefs d’entreprises alors que les accidents de la route représentent aujourd’hui environ 3 % des accidents du travail, qu’un accident mortel au travail sur cinq a lieu au volant et que les accidents de la circulation représentent la première cause de mortalité au travail (sources : Sécurité routière).


Waze, n°1 des avertisseurs de « zone de danger »
Selon une enquête réalisée par « minute-auto.fr » en février dernier et portant sur 1 221 conducteurs hommes et femmes pour moitié, l’usage des avertisseurs de radar est très répandu, soit parce qu’ils en ont acheté un, soit parce que leur GPS ou leur smartphone avec un logiciel de guidage en est équipé.
Moyennant quoi, l’application Waze est la plus répandue avec 64% des utilisateurs, le tiers restant faisant confiance à leur Coyote. A noter que si ces dispositifs sont, comme leur nom l’indique, principalement utilisés pour détecter la présence des appareils à flash fixes (dans 64% des cas), une minorité profite également des autres options de l’appareil : 17% s’en servent pour tous les dangers que l’on peut rencontrer sur la route, 10% l’utilisent pour combattre les bouchons et 7% se guident avec cet avertisseur.


Dénonciation des employés, jusqu’où doit aller le Chef d’entreprise ?

La loi impose à l’employeur, depuis le 1er janvier 2017, de désigner le salarié ayant commis une infraction au volant d’un véhicule immatriculé au nom de l’entreprise (art. L 121-6 C. route). Le représentant de la personne morale, propriétaire ou seulement détentrice du véhicule, dispose d’un délai de 45 jours suivant la réception du PV pour désigner le conducteur à l’Antai (Agence nationale de traitement automatisé des infractions). En cas de non-désignation, le représentant légal est passible d’une amende forfaitaire de quatrième classe (675 euros), pouvant être majorée jusqu’à 3 750 euros par un tribunal de proximité.

Une autre mesure inscrite dans la loi sur la modernisation de la justice du 16 novembre 2016 mais non publié dans l’arrêté du 15 décembre 2016 sur l’obligation de désignation et qui pourrait prendre effet dès cette année, précise que le tribunal de proximité peut aussi décider de sanctionner le représentant légal jusqu’à 750 euros. Cet arrêté, confirmé par Emmanuel Barbe, le délégué interministériel à la Sécurité routière, pourrait consister à imputer au représentant légal, donc au chef d’entreprise, l’amende à titre personnel sans possibilité de la répercuter sur leur société, ce qui constituerait un abus de bien social.

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Les entreprises s’engagent pour la Sécurité routière
Lancé en 2016, l’Appel à la Sécurité routière destiné aux entreprises compte aujourd’hui 864 entreprises signataires, soit pas moins de 2,6 millions de collaborateurs engagés (Casino, Carrefour, EDF, Onet, Sanofi, Transdev, Valeo, Air France, Nexity, etc.). Cet appel se concrétise par 7 engagements pris par ces chefs d’entreprises en faveur de leurs salariés pour lutter sur six facteurs de risques d’accidents : le téléphone, l’alcool, la ceinture de sécurité, la vitesse, la fatigue et les deux roues mal équipés.

http://entreprises.routeplussure.fr/journees-securiteroutiereautravail/


Le dirigeant bientôt frappé personnellement au portefeuille

Pour la Délégation à la sécurité routière du ministère de l’Intérieur, cette loi est positive puisque avance le taux de désignation – qui était déjà appliqué mais avec nécessité de reconnaissance par le conducteur lui-même – est passé de 26 % à 78,2 % entre 2016 et 2017, soit 2,59 millions de désignation et environ 1,7 million de désignations en plus ! Une croissance conséquente qui est moins due à la désignation du conducteur dans les grandes entreprises et flottes conséquentes qui l’appliquaient depuis longtemps qu’aux dirigeant de PME et profession liberale qui « protégeaient » leurs employés ou familles.

Ainsi, ce sont environ 65 % des chefs d’entreprise qui désignent désormais via internet ou via une convention avec l’Antai. Toujours selon le ministère de l’Intérieur, la désignation concerne surtout les excès de vitesse inférieurs à 20 km/h (pour une vitesse autorisée maximale supérieure à 50 km/h). Et le nombre d’infractions routières relevées au volant d’un véhicule professionnel (3,2 millions) a diminué de 9,4 % alors que pour les particuliers, ce nombre a progressé de 1,2 % (12,2 millions).

Contestation difficile…

Pourtant, l’obligation de désignation du conducteur fautif par son employeur fait toujours débat et le cas suivant illustre le combat des dirigeant de PME et de certains chefs d’entreprises face à cette loi. Une jurisprudence récente a confirmé la constitutionnalité de la loi : le requérant auprès la Cour de cassation estimait que le texte sur lequel repose son incrimination après désignation était contraire à la Déclaration des droits de l’Homme et aux principes d’égalité des citoyens devant la Loi, ainsi qu’au droit à une procédure juste et équitable. La Cour de cassation a estimé que « l’obligation faite par l’article L 121-6 est exprimée sans ambigüité et qu’elle assure un juste équilibre entre les nécessités de la lutte contre l’insécurité routière et le droit de ne pas s’auto-incriminer, sans méconnaître les prérogatives de la défense et qu’ainsi, elle ne porte aucune atteinte au principe d’égalité entre les justiciables ». En conséquence, la question n’est pas transmise au Conseil constitutionnel.


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