Publié le 14 juin 2018 | par Rédaction

Les 4 points clefs :

– 1) Le pneu est un rouage essentiel de la sécurité des collaborateurs de l’entreprise. Seul lien entre le véhicule et la route, il ne doit pas être négligé. Mieux vaut privilégier les marques premium.
– 2) Le budget pneumatique représente environ 10 % du coût total de détention des véhicules. Il est possible d’améliorer ce ratio en optimisant la gestion de leur usure et en évitant les remplacements anticipés.
– 3) Il convient de vérifier régulièrement l’état et la pression des pneus des véhicules de l’entreprise. Le développement des systèmes de contrôle de pression des pneus au tableau de bord est un plus.
– 4) Les pneus quatre saisons peuvent représenter une alternative intéressante pour abaisser les coûts des pneus du parc roulant à condition de ne pas se situer en « zone blanche » où il neige souvent.

Quelle est la part des entreprises dans le marché français du pneu ?

Que représentent les ventes aux entreprises dans le marché global du pneumatique de rechange français ? « Le marché global du pneumatique de remplacement est d’environ 38 à 39 millions d’enveloppes. Les entreprises représentent environ 20 % de ce total, soit environ 8 millions de pneus par an » explique Magali Brugna, coordinatrice commerciale B to B Allopneus.com. « C’est de cet ordre d’idée » confirme Philippe Rives, directeur grands comptes Europe produits VL chez First Stop. Selon Joël Morbé, directeur commercial TC4 chez Bridgestone France, « La grande difficulté, c’est de pouvoir dissocier les entreprises et les professions libérales. Ces derniers roulent généralement plus que les particuliers et ne sont pas forcément classés en tant que professionnels alors qu’ils ont un usage professionnel de leur véhicule et donc une usure supérieure à la moyenne ».

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« La part des ventes de pneumatiques à professionnels dépend en grande partie de la gestion que l’on en a. Si les pneus sont poussés à leur maximum du point de vue de l’efficience, avec un rapprochement le plus important possible du témoin d’usure, cela va forcément allonger la durée de vie du pneumatique. Cela peut permettre d’augmenter le kilométrage effectué avec les pneus d’environ 1 500 à 2 000 kilomètres. Avant, il y avait la règle des 30 000 kilomètres par train de pneus ; désormais, nous essayons de nous approcher le plus possible des 35 000 kilomètres pour abaisser le budget pneus » explique Frank Daurensan, responsable achat après-vente Leaseplan France.

Part des pneus dans le TCO total

De plus en plus d’entreprises appréhendent leur flotte de véhicules en prenant en compte le TCO ou Total Coast of Ownership (coût total de détention). Quelle est la part du budget pneumatiques dans le TCO ? « Les pneumatiques représentent une part importante du TCO, environ 5 à 10 % » affirme Magali Brugna, coordinatrice commerciale B to B Allopneus.com. « Nous considérons que les pneumatiques représentent entre 7 et 8 % du TCO global d’un véhicule » précise Didier Di Meglio, directeur des ventes flottes VL et revente Euromaster. « En prenant en compte la prestation pneumatique dans sa globalité, y compris les réparations, les incidents…, cela représente environ 10 % du TCO d’un véhicule » ajoute alors Frank Daurensan, responsable achat après-vente Leaseplan France.

« Il est néanmoins difficile de quantifier la part des pneumatiques dans le coût total de détention d’un véhicule tant cela peut varier d’un cas à l’autre. A La Poste, les pneus ont un rendement inférieur à 20 000 kilomètres. Dans des entreprises provinciales, qui roulent sur des routes de campagne en bon état, le rendement est largement supérieur à cela. Tout dépend du contrat et de l’utilisation qui va être fait des véhicules » rajoute Didier Di Meglio. « Les entreprises souscrivent un certain nombre de pneus lors de la signature du contrat de location longue durée. Les variations peuvent être très fortes. Nous préconisons comme base standard de calcul, 30 000 kilomètres par train de pneus. Après, en fonction de l’utilisation des véhicules, il peut y avoir une adaptation du contrat qui peut, par exemple, être abaissé au niveau de la quantité de pneus mis à disposition de l’entreprise » explique Marc Laurent, Directeur Pricing et Valeurs Techniques chez ALD Automotive France.

« Nous bénéficions d’un suivi des entreprises depuis plus de 15 ans. Nous avons constaté que depuis cinq ou six ans, le rendement des pneus a été amélioré d’environ 10 000 km. Cela est lié aux évolutions technologies des véhicules et des pneus ainsi qu’à l’usage différent qui est fait aujourd’hui des véhicules » précise Didier Di Meglio, directeur des ventes flottes VL et revente Euromaster. Pour Bertrand Lamarche, directeur département technologie et innovation chez TraxallFrance, « La part des pneus dans le TCO peut fortement varier compte tenu des différences de consommation des pneus qui peut être fait selon la façon de conduire de chaque conducteur. Le pneu, c’est souvent là où il y a de la marge pour le loueur, d’où l’intérêt pour l’entreprise de se demander où elle doit acheter ses pneus : chez le loueur ou en dehors du loueur. Si c’est un réseau qui est choisi, il faut aussi prendre en compte la gestion du flux de facturation qui, par principe, est plus simple chez le loueur ».

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« Il est évident que le comportement du conducteur et sa façon de conduire influence très fortement l’usure des pneumatiques. Faire profiter ses collaborateurs d’une formation à l’éco-conduite peut avoir des conséquences très importantes, non seulement du point de vue de la sécurité mais aussi de l’usure des pneumatiques. Les économies peuvent être colossales » affirme Philippe Rives, directeur grands comptes Europe produits VL chez First Stop. « L’augmentation de la durée des pneus en kilométrage s’explique par plusieurs facteurs : la vitesse moyenne qui a baissé ; la meilleure adéquation des pneus avec les véhicules, notamment dans la catégorie des SUV ; le travail des constructeurs automobiles sur l’abaissement des émissions de CO2 qui s’accompagne de pneus adaptés et intégrant des gommes plus dures et donc plus endurantes » explique à son tour Joël Morbé, directeur commercial TC4 chez Bridgestone France.

« Si l’on parle des nouveaux pneus, notamment pour les SUV et les monospaces, il faut souligner le développement des pneus plus étroits et de diamètre plus grand, comme ceux présents sur le dernier Scénic » reprend Frank Daurensan. « Ces pneus « Tall and Narrow » sont en train de s’installer dans le marché, notamment au travers des véhicules électriques pour lesquels ces pneus plus étroits permettent d’offrir une résistance au démarrage moins importante. La surface de contact avec le sol reste identique mais la résistance à la mise en mouvement et à l’avancement est moindre » précise Joël Morbé. « Ces nouvelles dimensions ont un effet sur le tarif des pneus dans la mesure où on recommence à voir des pneus spécifiquement développés pour telle marque et tel modèle » reprend Frank Daurensan.

« Sans parler de la difficulté plus forte pour trouver certains de ces pneus » ajoute Rodolphe Noulin, directeur flottes entreprises Speedy Fleet.

Quelle marque choisir ?

Faut-il toujours privilégier les marques premium, les plus connues, ou est-il possible de faire « confiance » à d’autres marques plus confidentielles ? « Cela devient très compliqué puisque environ une centaine de marques opèrent sur le marché français » sourit Frédéric Regnier, responsable des opérations activités B to B Norauto Pro. « Sur le Net, on arrive à 190 marques » renchérit Philippe Cartoux, responsable catégorie pneumatiques Speedy France. « Cela étant, sur le marché des entreprises, les choses sont très stables avec un nombre de manufacturiers globalement constant ; nos clients et nous-mêmes privilégions les marques premium et les secondes marques des manufacturiers de premier rang, ce qui revient à une dizaine de marques en tout » tempère Frank Daurensan, responsable achat après-vente Leaseplan France.

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« Il faut toutefois prendre en compte l’arrivée massive des marques coréennes de pneus sur le marché, y compris en première monte ; cela implique, au niveau du marché de remplacement, de disposer d’un stock plus important » souligne Rodolphe Noulin, directeur flottes entreprises Speedy Fleet. « Cela étant, le développement de pneus comme les « tall & narrow » pour les constructeurs automobiles implique le développement, pour les manufacturiers, de nouvelles technologies ce qui permet « d’éloigner » certaines marques de pneus de ce marché même s’il existe 180 marques de fabricants de pneus à travers le monde » rappelle Joël Morbé, directeur commercial TC4 chez Bridgestone France.

« Cela est vrai mais, pour le moment, ce type de pneu concerne surtout les véhicules électriques, c’est-à-dire une partie infime du parc roulant français des entreprises » reprend Didier Di Meglio, directeur des ventes flottes VL et revente Euromaster. « Il faut dissocier d’une part ces modèles de véhicules avec des dimensions de pneus spécifiques et, de l’autre, les dimensions classiques, comme le 205/55/16 qui concernent une part très importante des véhicules présents dans les entreprises » explique Magali Brugna, coordinatrice commerciale B to B Allopneus.com.

« Cela risque toutefois d’évoluer rapidement avec le développement des ventes des véhicules électriques. Ainsi, le parc chinois évolue très rapidement ; à partir du moment où certaines marques de pneus seront homologués en première monte, rien n’interdira les entreprises de « jouer » avec » lance Maxence Balawejder, responsable marché chez Norauto. « Il convient pour les entreprises de rester pragmatiques ; l’usure entre un pneu « exotique » et un pneu d’un manufacturier de premier ordre peut être 2 fois plus rapide, sans même parler de la sécurité » tient à souligner Didier Di Meglio. « Les clients ont globalement intérêt à rester dans les marques premium pour profiter d’une meilleure longévité kilométrique et d’une meilleure sécurité, notamment sur sol mouillé » confirme Joël Morbé.

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« Généralement, c’est le relationnel et la capacité de conseil auprès du responsable du parc de l’entreprise qui sont essentiels ; celui-ci va travailler avec son partenaire : loueur, réseau de réparation… Si la voiture est montée d’origine en premium, il va continuer avec du premium » estime Bertrand Lamarche, directeur département technologie et innovation chez Traxall France. « Il ne faut pas oublier que le choix du manufacturier va dépendre du client. Les PME font davantage un choix à court terme par rapport au prix : l’écoute du conducteur est donc essentielle, tout comme le marquage des pneus. Le conducteur et le gestionnaire de parc sont deux interlocuteurs différents avec, parfois, des vues différentes. Le conseil va être essentiel pour dépasser la simple notion du prix facial » tient à rappeler Frédéric Régnier.

Selon Marc Laurent, Directeur Pricing et Valeurs Techniques chez ALD Automotive France, « le problème de la marque des pneus est un faux problème dans la mesure où, chez ALD, nous ne proposons que des pneus premium. Ceux-ci ont un prix de vente facial élevé mais aussi une durée de vie élevée ; en prenant en compte l’effet de remise sur le volume acheté par ALD tous les ans, cela permet de proposer des pneus premium à des tarifs attractifs. Pour le client, la location longue durée, c’est la tranquillité, donc des pneus de qualité ».

Pneu 4 saison : la panacée ?

Le lancement récent du Cross Climate par Michelin a relancé le secteur du pneu tous temps ou 4 saisons. Ces pneus sont-ils intéressants et peuvent-ils remplacer avantageusement le couple pneu été / pneu hiver ? « La pression exercée par certains manufacturiers pour mettre en avant ce type de pneus tous temps est très forte et est dirigée vers l’utilisateur final, ce qui peut poser des problèmes dans le cadre de la relation que nous entretenons avec le gestionnaire de parc. Il ne faut pas perdre de vue que ce type de pneus ne représente qu’environ 2 % du marché actuellement. Et qu’un pneu 4 saisons ou tous temps ne sera jamais aussi performant qu’un pneu été en été et qu’un pneu hiver en hiver » s’agace Frank Daurensan, responsable achat après-vente Leaseplan France.

De son côté, Didier Di Meglio, directeur des ventes flottes VL et revente Euromaster explique que « Michelin poursuit le développement de sa gamme Cross Climate avec le lancement d’une gamme pour les VUL. Et le Cross Climate est meilleur qu’un pneu été dans certaines circonstances ». « Le vrai problème des pneus hiver, c’est le coût du gardiennage. Les pneus 4 saisons permettent d’éviter ces coûts mais ils ne sont pertinents que dans certains cas précis : il s’agit des zones tempérées ; les pneus hivers seront toujours plus performants en cas de température basse ou de neige » estime Magali Brugna, coordinatrice commerciale B to B Allopneus.com.

« Les pneus All Seasons sont, par définition, polyvalents. Ils ne seront jamais aussi performants qu’un pneu spécialisé en cas de conditions extrêmes » confirme Bertrand Lamarche, directeur département technologie et innovation chez Traxall France. « Par principe, il convient de rayer les zones blanches, celles où il neige fréquemment, des zones où le pneu 4 saisons est pertinent. Avec des conditions climatiques hivernales fortes, mieux vaut privilégier des pneus hiver » confirme Frédéric Regnier, responsable des opérations activités B to B Norauto Pro. « Les pneus quatre saisons ne doivent être considérés que comme moyens en été et en hiver. Avant, ces pneus reposaient sur une base de pneu hiver alors que Michelin est parti d’un pneu été, ce qui change notamment ses performances sur sol sec. Il répond aux besoins des automobilistes en zone tempérée et, de temps en temps, sur un coup de froid, « il fait le job ». Cela peut permettre d’éviter la permutation comme avec les pneus été et les pneus hiver mais ces produits sont globalement plus performants chacun dans leur spectre d’utilisation » ajoute Maxence Balawejder, responsable marché chez Norauto.

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« Il convient de ne pas confondre les utilisations de ces différents pneus. Le premier point, dans le cadre d’une utilisation professionnelle, c’est la sécurité. Il ne faut pas oublier que la responsabilité du dirigeant peut être engagée en cas d’accident. Et les pneus All Seasons ne représentent que 4 % du marché total du pneu ; enfin, dans le cadre d’une utilisation professionnelle, le passage en atelier est régulier. Le changement de pneus été / hiver n’est donc pas un gros problème. Le triptyque manufacturier / flotte d’entreprise / réseau est essentiel. Le manufacturier et le réseau doivent apporter du conseil et voir régulièrement les véhicules de l’entreprise afin de suivre au mieux la flotte de véhicules » rajoute Joël Morbé.

« Il faut aussi rappeler qu’un pneu hiver est plus efficace qu’un pneu été en dessous des 7° C ; mais les conserver toute l’année est un non-sens » souligne Didier Di Meglio. Un point de vue partagé par Philippe Rives, directeur grands comptes Europe produits VL chez First Stop : « utiliser un pneu hiver en été entraîne une usure catastrophique et un remplacement prématuré du pneu ». « Nous préconisons l’utilisation de pneus été en été et de pneus hiver en hiver. Il faut effectuer la dépose / repose des bons pneus au bon moment pour optimiser leur utilisation. Si on suit cela précisément, l’écart de coût entre un pneu 4 saisons et des pneus été et hiver est faible. Il y a beaucoup de dérives par rapport aux périodes de pose et dépose des pneus et cela a des conséquences importantes sur leur usure prématurée. Et trouver des pneus Cross Climate adapté au véhicule n’est pas toujours simple » tient à préciser Frank Daurensan.

De son côté, Rodolphe Noulin, directeur flottes entreprises Speedy Fleet apporte un autre éclairage : « Une autre variable est la restitution du véhicule ; dans de nombreux cas, le véhicule est restitué sans ses pneus hivers. Nous avons ainsi de nombreux pneus orphelins dans nos stocks, ce qui est dommageable pour tout le monde ». « Encore une fois, l’alternance entre pneus été et pneus hiver permet un kilométrage plus élevé grâce à l’optimisation de l’usure des pneus » rappelle Philippe Cartoux, responsable catégorie pneumatiques Speedy France.

« Une des limites au pneu 4 saisons, c’est la disponibilité du produit, notamment par rapport aux dimensions et aux indices de charge et de vitesse » affirme Marc Laurent, Directeur Pricing et Valeurs Techniques chez ALD Automotive France. « Cela évolue. Les manufacturiers ont amélioré leur offre en pneus hiver avec davantage de dimensions et des indices différents » tempère Bertrand Lamarche. « Personne n’a encore prononcé le mot compromis ; alors je vais le faire. Les pneus 4 saisons offrent un compromis entre ce que sont capables de proposer des pneus été et des pneus hiver » lance Frank Daurensan. « D’où l’importance de la découverte des besoins précis de l’entreprise cliente » renchérit Rodolphe Noulin.

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« Souvent, les gestionnaires de parcs en entreprise veulent aller au plus simple » regrette Bertrand Lamarche. « Ce sujet des pneus 4 saisons est, pour moi, du même type que celui portant sur le choix de pneus premium ou de deuxième ligne. Tout dépend des conditions d’utilisation du véhicule. C’est pour cela qu’effectivement, l’écoute des besoins est essentielle pour y répondre le plus précisément possible » souligne Didier Di Meglio. « Dans le cas d’un petit rouleur, effectuant 10 000 à 15 000 km par an et prêt à un certain compromis entre coût et sécurité, le 4 saisons peut représenter une alternative intéressante. S’il s’agit d’un gros rouleur, effectuant 40 000 km/an, il convient de privilégier l’alternance pneus été / pneus hiver » confirme Philippe Cartoux, responsable catégorie pneumatiques Speedy France.

« La vraie sécurité, c’est le pneu été en été et le pneu hiver en hiver » renchérit Philippe Rives. Un message repris par Magali Brugna : « C’est le message essentiel à faire passer : les flottes ont intérêt à équiper leurs véhicules avec des pneus hiver. Les flottes sont et doivent être plus sensibles à la sécurité de leurs collaborateurs ». « L’aspect juridique avec la possibilité pour le chef d’entreprise de voir sa responsabilité engagée en cas d’accident participe aussi au développement des pneus hiver dans les entreprises » rappelle Bertrand Lamarche. « Il y a aussi la législation qui est, en France, beaucoup moins stricte qu’en Allemagne ou en Italie où les pneus hivers sont obligatoires » rajoute Maxence Balawejder.

Faut-il encore choisir la roue de secours ?

Pendant longtemps, il était impensable de fournir à ses collaborateurs une automobile de fonction ne disposant pas d’une roue de secours. Cela faisait même partie de la dotation de la plupart des versions business. Alors que le taux d’équipement en roue de secours des modèles actuels est à la baisse, faut-il encore équiper les véhicules des collaborateurs de roues de secours ?

« C’est évidemment un plus mais cela dépend de la demande du client » sourit Marc Laurent, Directeur Pricing et Valeurs Techniques chez ALD Automotive France. « La part des véhicules disponibles sur le marché avec une roue de secours est d’environ 55 % et cela continue à baisser » expose Philippe Cartoux, responsable catégorie pneumatiques Speedy France.

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« Alors que cela faisait avant partie de leur dotation, de plus en plus de modèles des gammes business ont une roue de secours en option. Le prix moyen oscille entre 120 à 150 euros pour une roue de secours en dimensions équivalente et d’environ 80 euros pour une roue de secours galette » explique Bertrand Lamarche, directeur département technologie et innovation chez Traxall France. « La crevaison n’est pas beaucoup prise en compte en France. Aux USA, par exemple, beaucoup de modèles sont équipés de pneus Run Flat prévus pour le roulage à plat. C’est pour cela que Bridgestone fait la promotion, en France, d’un pneu Run Flat de remplacement qui permet de ne pas immobiliser le véhicule en cas de crevaison, une donnée importante dans le cadre d’une utilisation professionnelle du véhicule. Il ne faut pas non plus perdre de vue que les roues des modèles actuels sont de plus en plus grosses et lourdes et donc difficiles à manipuler » souligne Joël Morbé, directeur commercial TC4 chez Bridgestone France.

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« Sans oublier le fait que les constructeurs font la chasse au CO2, donc au poids ; et une roue de secours, c’est du poids en plus » reprend Bertrand Lamarche. « L’assistance est là en cas de crevaison pour intervenir ; il s’agit d’une des prestations incluses dans la location longue durée » souligne Marc Laurent. « Une crevaison a lieu, en moyenne, tous les sept ans et demi, pour un automobiliste moyen. Dans le cadre professionnel, on considère que la fréquence est deux fois plus élevée, soit une crevaison tous les trois ans et demi environ. Il convient d’attirer l’attention des clients sur le fait que la prestation pneu associée au contrat de location longue durée ne comprend pas de roue de secours ; nous recommandons de la prendre bien entendu » affirme Frank Daurensan, responsable achat après-vente Leaseplan France.

« Cela étant, sur certaines flottes, un usage particulier des véhicules peut entraîner une usure plus rapide des pneus et des crevaisons plus fréquentes » rappelle Philippe Rives, directeur grands comptes Europe produits VL chez First Stop. « Qui dit crevaison, dit service ; on parle beaucoup de solutions de mobilité, d’assistance dépannage, de véhicule de prêt en cas de crevaison… Mais pour que tout cela ait un sens, il faut qu’il y ait un prestataire à proximité, d’où l’importance du maillage du réseau du prestataire » rappelle Maxence Balawejder, responsable marché chez Norauto.

« Il y a de fortes variations des attentes selon la taille de l’entreprise. Dans les grands comptes, où la présence du comité d’entreprise ou du CHSCT est forte, la roue de secours est un pré-requis. Dans les PME, il en va autrement alors qu’une roue de secours à 150 euros, c’est environ 2 euros par mois. Il s’agit là d’une solution de facilité, très simple à mettre en place » affirme Bertrand Lamarche. « Il ne faut pas oublier que la moitié des crevaisons ont lieu la nuit et que le délai d’intervention de l’assistance est de 3 heures. D’où l’intérêt, encore une fois, du runflat qui est une solution pertinente pour pouvoir continuer sa route malgré la crevaison » rappelle Joël Morbé. « Il faut faire quand même attention avec le runflat ; cela pose des complications au niveau de la gestion et il y a beaucoup de messages à faire passer autour de ce type de pneus qui peuvent permettre de continuer sa route mais ne sont pas aussi efficaces qu’une roue de secours. Attention aussi aux 4×4 qui, lors d’une crevaison, vont parfois devoir, du fait de l’usure de leurs pneus et de leur transmission intégrale, remplacer leurs quatre pneus » souligne Frank Daurensan.

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Vers des pneus connectés ?

A chaque salon automobile, les manufacturiers proposent des prototypes de pneus plus « intelligents » les uns que les autres. A l’heure de la connectivité, que vont pouvoir apporter des pneus connectés à l’automobiliste ? « Il existe différentes versions du pneu connecté ; cela a commencé par le suivi de la pression et de la température des pneus. Les voitures équipées d’un TPMS ou système de suivi de la pression des pneus, disposent de capteurs dans les jantes ; c’est déjà un début de connectivité et cela nous a été très utile dans le suivi précieux de la pression des pneus permettant ainsi d’augmenter leur longévité. Maintenant, on parle de connectivité poussée avec la possibilité de communication entre véhicules ou d’autres services mais ce n’est pas encore pour tout de suite » affirme Frank Daurensan, responsable achat après-vente Leaseplan France.

« Aujourd’hui, la connectivité du pneu doit apporter un bénéfice à l’utilisateur, notamment par rapport à sa sécurité. Après le TPMS, nous travaillons sur de nouvelles applis mais nous n’en sommes qu’à la R&D pour le moment » ajoute Joël Morbé, directeur commercial TC4 chez Bridgestone France. Pour Maxence Balawejder, responsable marché chez Norauto, « la connectivité va permettre, dans un futur assez proche, d’améliorer la sécurité des automobilistes. GoodYear travaille sur un pneu qui sera capable de s’adapter, de lui-même, aux conditions d’utilisations ». « Il y a un vrai intérêt pour que le pneu remonte des informations au conducteur, ne serait-ce que pour le sensibiliser au suivi de ses pneus » estime Magali Brugna, coordinatrice commerciale B to B Allopneus.com.

Louer ou acheter ses pneus ?

Si l’entreprise fait le choix de la location longue durée pour ses véhicules, a-t-elle intérêt à systématiquement intégrer les pneus dans le loyer ? Ne serait-il pas plus intéressant de louer le véhicule sans la prestation pneus ? « Nous incitons bien entendu nos clients à intégrer la prestation pneumatique dans le contrat et donc dans le loyer. Cela nous permet de faire des recommandations à nos clients et d’avoir un suivi régulier du poste pneumatique » estime Frank Daurensan, responsable achat après-vente Leaseplan France. « Il faut louer ses pneus. Derrière il y a une vraie prestation qui comprend la réparation, le conseil, une assurance mobilité, un prix budgété sur plusieurs années, l’assurance de disposer de pneus de marque premium et adaptés au véhicule etc. » renchérit Marc Laurent, Directeur Pricing et Valeurs Techniques chez ALD Automotive France.

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« Chez tous les consommateurs, la tendance générale va vers la location des biens plutôt que vers l’achat en propre. Cette question du mode de consommation du pneu mérite d’être posée et va sans doute encore évoluer » précise Joël Morbé, directeur commercial TC4 chez Bridgestone France. « Il faut rappeler que nos clients vont dans les réseaux de spécialistes ou chez le constructeur pour leur prestation pneumatique. Ils peuvent donc profiter de l’expertise de ces professionnels de l’entretien automobile » affirme Marc Laurent. « Il faut que les clients utilisateurs prennent en compte les offres qui leur sont accessibles. Il ne faut pas hésiter à mettre en concurrence l’offre du loueur avec celle du spécialiste. C’est la même démarche pour le pneu que pour l’auto ; la location permet un lissage de la trésorerie pour l’entreprise ainsi qu’une meilleure gestion du risque dans la mesure où, avec la location, le prix des pneus est fixé à l’avance » précise Bertrand Lamarche, directeur département technologie et innovation chez Traxall France.

« Nous avons aussi un rôle de conseil ; le client est-il toujours assez accompagné dans le choix de ses pneus ? Je n’en suis pas si sûr que cela » rétorque Frank Daurensan. « Dans les entreprises, il n’y a pas toujours une personne pour assurer le suivi des pneus des véhicules ; la LLD offre un suivi global. C’est aussi pour cela que ce type de prestation se développe dans les entreprises » estime Didier Di Meglio, directeur des ventes flottes VL et revente Euromaster. « La LLD n’est pas forcément associée à la prestation pneus ; beaucoup d’entreprises font le choix d’être autonomes en matière de budget pneus » tempère Rodolphe Noulin, directeur flottes entreprises Speedy Fleet.

« Tous les consommateurs vont se renseigner sur les prix sur le Net et comparent ensuite. Nous proposons naturellement des solutions tarifaires compétitives même si le prix seul n’est pas suffisant pour une entreprise. Elle est aussi à la recherche de services associés et d’un accompagnement sur la durée avec des procédures sur-mesure et des interlocuteurs dédiés, ce que nous proposons » affirme Magali Brugna, coordinatrice commerciale B to B Allopneus.com. « Il faut étudier ce que représente la notion de prix pour l’entreprise ; certaines changent de la location vers les réseaux indépendants ou inversement. Ce qui importe pour elles, c’est la notion de service au travers du maillage territorial de l’enseigne, la disponibilité et la proximité de centres de montage, la gestion du budget pneus, de la facturation et même du pilotage de coûts centralisé avec une personne dédié » estime Frédéric Regnier, responsable des opérations activités B to B Norauto Pro.

En conclusion

Selon Rodolphe Noulin, directeur flottes entreprises Speedy Fleet, « le pneu reste un élément très technologique et un élément clé de la sécurité. Malheureusement, nous rencontrons souvent des interlocuteurs qui n’ont pas cette réflexion. Tous les éléments évoqués précédemment doivent donc être relayés sur le terrain, par tous les opérationnels afin que ces variables soient prises en compte par les responsables des parcs de véhicules d’entreprise. L’implication des équipes de Speedy Fleet est totale ; elles sont formées au conseil afin de pouvoir proposer aux professionnels le bon produit au bon moment ». Le conseil est aussi au centre de la conclusion de Philippe Rives, directeur grands comptes Europe produits VL chez First Stop :

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« Trop peu de personnes ont une bonne connaissance du sujet pneumatique, d’où l’importance du conseil. En tant que prestataire de services, nous devons proposer une solution packagée qui comprend non seulement le pneu mais aussi l’entretien des véhicules ainsi qu’une assurance mobilité pour les collaborateurs. L’immobilisation doit être la plus faible possible, d’où l’importance de la proximité entre les clients et le réseau ». « Les flottes sont au cœur de la stratégie d’entreprise de Bridgestone. En tant que premier manufacturier mondial, les différentes technologies que nous développons ont pour but de faciliter la vie des utilisateurs, particuliers comme flottes d’entreprise. Dans notre approche flottes, nous insistons sur la mise en service et le suivi ; nous disposons de 900 points de vente sans compter les partenariats avec des distributeurs. Nous souhaitons que notre offre soit la plus présente possible » explique Joël Morbé, directeur commercial TC4 chez Bridgestone France.

« Nous avons beaucoup échangé autour du rapport coût / sécurité / services, les trois piliers de l’offre pneumatique aux professionnels. Le rôle de conseil est évidemment très important y compris dans le cadre du service pneumatique seul » rappelle Frédéric Regnier, responsable des opérations activités B to B Norauto Pro. De son côté, Philippe Cartoux, responsable catégorie pneumatiques Speedy France, tient à « rappeler l’importance de changer ses pneus hiver à l’approche du printemps, lorsque les températures remontent afin d’éviter une dégradation trop rapide des pneus hiver ». Pour Marc Laurent, Directeur Pricing et Valeurs Techniques chez ALD Automotive France, « les pneumatiques ne sont pas le premier poste du TCO et représentent environ 7,5 %. Cette variable peut, de plus, être adaptée par le gestionnaire de parc du point de vue du réseau, du choix d’une marque premium, du choix des pneus été / hiver ou encore du nombre de pneus dans le contrat afin d’optimiser ce poste. Le loueur a bien évidemment un rôle de conseil essentiel, offre un accompagnement tout au long du contrat de location sans oublier l’aspect RH et responsabilité du chef d’entreprise ».

« Aujourd’hui, la gestion du poste pneumatiques est un compromis entre le prix et la sécurité. Par principe, il n’existe pas de mauvais opérateur mais l’entreprise doit prendre en compte la valorisation qui est faire par tel ou tel prestataire de sa prestation pneu. La différence de prix entre un réseau indépendant et un loueur est de l’ordre de 25 % ; c’est à l’entreprise de juger si cela est pertinent ou non » lance Bertrand Lamarche, directeur département technologie et innovation chez Traxall France. « L’enjeu de demain est de transformer le pneu et qu’il ne soit plus un produit de contrainte ; nous devons vulgariser notre discours pour qu’il soit compris par le plus grand nombre ; du côté des professionnels, nous devons davantage personnaliser l’offre en fonction des besoins des clients » affirme Maxence Balawejder, responsable marché chez Norauto.

Pour Frank Daurensan, responsable achat après-vente Leaseplan France, « nous nous devons d’être facilitateur de la prestation pneus aussi bien au niveau du conducteur que de celui du gestionnaire de flotte. Nous devons démêler la multitude d’informations autour des différents types de pneus, la connectivité, les pneus 4 saisons… Notre rôle de conseil est primordial sans oublier d’intégrer les manufacturiers et les prestataires de service dans notre offre globale. Il ne faut pas non plus réduire le prix de la prestation seulement aux enveloppes et avoir en permanence à l’esprit que le pneu est un produit technique et qu’il ne faut pas le faire traiter n’importe où ».

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« Le pneu est un très vaste sujet. L’enseigne Euromaster a 25 ans cette année. Nous disposons d’un savoir-faire indéniable et d’un bon service au niveau national grâce à nos 400 points de vente. Nous devons être de plus en plus proches des acheteurs. Il faut aussi arrêter de penser que nous ne sommes que des vendeurs de pneus Michelin. Nous avons développé notre offre de produits de deuxième ligne et nous sommes en mesure d’adapter notre offre à l’usage qui va en être fait par les collaborateurs. Aujourd’hui, nous parlons d’entretien et de mobilité chez nos clients notamment au travers de notre offre de gestion, le e-booking etc. » explique Didier Di Meglio, directeur des ventes flottes VL et revente Euromaster.

Le mot de la fin revient à Magali Brugna, coordinatrice commerciale B to B Allopneus.com : « La notion de service et d’accompagnement est effectivement très important. Le pneu reste un produit de haute technologie et complexe. L’enseigne Allo Pneus a 14 ans d’existence et, depuis 2014, nous avons lancé un service dédié aux professionnels. Il y a une vraie pertinence à une offre dématérialisée avec du service sur mesure pour les entreprises. Si nous ne disposons pas d’un réseau intégré, nous avons 6 000 centres de montage partout en France grâce à nos accords avec des garages indépendants ainsi qu’un service de montage sur site avec 80 camions ateliers ».

Propos recueillis par Louis Daubin et Guillaume Geneste

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Les intervenants de notre table ronde

Philippe Rives, directeur grands comptes Europe produits VL chez First Stop
Joël Morbé, directeur commercial TC4 chez Bridgestone France
Frédéric Regnier, responsable des opérations activités B to B Norauto Pro
Philippe Cartoux, responsable catégorie pneumatiques Speedy France
Maxence Balawejder, responsable marché chez Norauto
Frank Daurensan, responsable achat après-vente Leaseplan France
Didier Di Meglio, directeur des ventes flottes VL et revente Euromaster
Magali Brugna, coordinatrice commerciale B to B Allopneus.com
Marc Laurent, Directeur Pricing et Valeurs Techniques chez ALD Automotive France
Rodolphe Noulin, directeur flottes entreprises Speedy Fleet
Bertrand Lamarche, directeur département technologie et innovation chez Traxall France

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