Publié le 27 février 2014 | par Louis DAUBIN

Kilomètres Entreprise : Comme il l’a fait avec Renault, le gouvernement a décidé de soutenir PSA et de garantir l’avenir de ses salariés, comment imaginez-vous l’industrie automobile française dans dix ans ?

Arnaud Montebourg : Les circonstances sont très différentes, et l’objectif n’est pas aujourd’hui de nationaliser PSA comme Renault le fut à la Libération. PSA traverse une période difficile, mais dispose de nombreux atouts. L’entreprise peut notamment s’enorgueillir d’une gamme de véhicules dont la qualité est reconnue, d’une présence à l’international et d’un portefeuille important d’innovations. C’est d’ailleurs le premier groupe industriel français par sa recherche et développement. Je vous confirme que l’Etat sera présent en cas de besoin, afin de donner à cette entreprise les moyens de rebondir et permettre qu’elle reste française, avec ses centres de décision, de productions et de recherche en France.

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La France de 2025 se construit aujourd’hui. C’est tout le sens de notre projet de reconquête industrielle, qui s’articule autour des 34 plans de la Nouvelle France Industrielle, annoncée le 12 septembre dernier par le Président de la République. Parmi ces plans, plusieurs concernent l’automobile, avec pour objectif d’accompagner les efforts de notre industrie, et d’en faire un leader mondial sur les voitures électriques, sur les véhicules consommant moins de 2 litres aux 100 km ou encore sur les véhicules autonomes et connectés.

Kilomètres Entreprise : Comment dynamiser les ventes de voitures aux entreprises et donc apporter des voitures à un nombre plus important de salariés dans les entreprises ? N’y va-t-il pas intérêt à soutenir une telle démarche positive pour la sécurité, l’environnement et la production automobile ? (Pour mémoire : 75% des ventes UK et 63% en Allemagne sont des ventes à sociétés)

Arnaud Montebourg : C’est justement pour encourager les ventes de véhicules électriques et hybrides aux entreprises que nous avons pris la décision d’en étendre le bénéfice aux entreprises dans le cadre du plan automobile que j’ai présenté en juillet 2012. Elles doivent saisir cette opportunité pour réorienter leurs achats vers les véhicules écologiques et économiques.

Kilomètres Entreprise : Pensez-vous que le cadre actuel législatif et réglementaire actuel soit favorable à l’épanouissement de l’industrie automobile française ?

Arnaud Montebourg : Le Président de la République l’a dit : le cadre législatif et réglementaire imposé à nos entreprises est bien trop complexe. Je déplore que parfois, trop souvent, il aille au-delà de ce que nous imposent les réglementations européennes, déjà très contraignantes. Dans la course avec la concurrence, déjà sévère, nous nous imposons de mettre le frein à main ! Sous l’impulsion du Président de la République, qui en a donc fait une priorité, nous sommes engagés dans une simplification drastique pour gommer tout ce qui est inutile, parfois ridicule.

Nous avons 123 mesures déjà décidées pour simplifier la vie des entreprises, qu’il faut maintenant mettre en œuvre ou généraliser. J’y serai particulièrement attentif, en lien avec le conseil de la simplification, animé par le député Thierry Mandon et un entrepreneur, Guillaume Poitrinal. On ne va pas s’en arrêter là, et je souhaite que les entreprises, les administrations prennent une part active au processus et fassent de nouvelles propositions.

Kilomètres Entreprise : Depuis 15 ans, La fiscalité française a freiné les ventes de véhicules haut de gamme a un point tel que les constructeurs français ne peuvent plus s’appuyer sur leur marché national pour proposer de telles voitures, qui leur font défaut sur les marchés internationaux.
Comment inverser ce mouvement et aboutir à une renaissance du haut de gamme français indispensable au rayonnement de notre industrie ?

Arnaud Montebourg : Je ne suis pas spécifiquement « contre » ce que vous appelez le « haut de gamme », c’est-à-dire les grosses cylindrées, mais je suis surtout « pour » le développement des véhicules les moins polluants, les moins émetteurs de gaz à effet de serre. C’est en toute hypothèse l’avenir, c’est le créneau d’excellence de nos constructeurs, et une voiture « propre » porte, de plus en plus, autant d‘image qu’un 4×4. Au demeurant, consommer moins et polluer moins n’est pas incompatible avec le « haut de gamme », le premium Dans la gamme DS par exemple, et en particulier avec la DS 5 hybride, vous avez un véhicule qui est non seulement « haut de gamme » mais émet aussi moins de 110 g de CO2 par kilomètre.

Kilomètres Entreprise : Quel a été pour vous l’évènement majeur de ces dix dernières années dans le domaine automobile ?

Arnaud Montebourg : Le monde automobile a connu des avancées majeures ces dix dernières années, tant du côté de l’innovation technologique, avec le développement de véhicules écologiques électriques du groupe Renault, et hybrides Diesel de PSA, que dans les nouveaux usages des véhicules, avec l’autopartage, qui révolutionne le rapport au véhicule. Nous sommes passés de l’ère de la voiture particulière et (trop) polluante à l’ère de la mobilité écologique, partagée et en harmonie avec son environnement. Je suis fier de trouver, au cœur de toutes ces révolutions des groupes français. Cela confirme que nous sommes, et resterons, un très grand pays de l’Automobile.

Kilomètres Entreprise : Etes-vous satisfait de l’innovation dont font preuve les constructeurs français ?

Arnaud Montebourg : L’innovation, nos entreprises n’en font jamais assez ! C’est bien pour ça que j’ai fortement plaidé et obtenu le maintien et l’amélioration du crédit d’impôt recherche, qui est certainement le meilleur outil au monde pour soutenir la R&D et l’innovation. Pour l’automobile, on peut se féliciter qu’elle reste la branche industrielle qui, en France, consent le plus de dépense pour la R&D, et ce malgré la crise. Il y a une base solide, tant chez les constructeurs que chez les équipementiers, qui réalisent l’essentiel de leur R&D en France.

Et nous les avons poussés, dans le cadre du Plan Automobile que j’ai présenté au nom du gouvernement en juillet 2012, à mieux travailler ensemble autour de grands projets de filière, entre grands acteurs mondiaux et PME et ETI innovantes du secteur. Les trois plans de la Nouvelle France Industrielle consacrés à l’automobile ont été définis en lien avec la filière qui les considère comme des priorités pour repositionner nos acteurs. L’Etat, avec les investissements d’avenir, mobilisent 250 M€ pour les y aider.

Kilomètres Entreprise : Vous avez créé le Ministère du Redressement Productif pour « faire de grandes choses », quel est votre bilan depuis un an et demi et quelles ont été vos actions significatives pour l’industrie automobile ?

Arnaud Montebourg : Dans l’automobile, le plan automobile de juillet 2012 a été mis en œuvre. Nous avons relancé une politique ambitieuse en faveur des véhicules électriques et hybrides. Les aides à l’achat de ces véhicules ont été augmentées, leur vente a fortement progressé (+50% en 2013), le nombre de bornes de recharge sur la voie publique a été porté à 8 000 à fin 2013 et doublera d’ici la fin de cette année. Nous avons renforcé les moyens de soutien à la R&D, en mobilisant des moyens importants dans le cadre des investissements d’avenir.

De façon moins visible, dans une action au quotidien, mon ministère a fortement pesé pour construire une véritable « filière », avec des relations de type « gagnant/gagnant » entre grandes et petites entreprises. Un « contrat de filière » a été signé en octobre 2012, qui se déploie en ce moment. J’aurai l’occasion d’en tirer prochainement un bilan, avec l’ensemble des acteurs.

Kilomètres Entreprise : Quel message aimeriez-vous transmettre aux Chefs d’Entreprises Français qui investissent dans l’achat de près de 40% des voitures neuves chaque année ?

Arnaud Montebourg : Tout d’abord, qu’ils achètent plus et surtout qu’ils « achètent français », des véhicules produits en France, qui n’ont rien à envier, bien au contraire, à leurs concurrents ! Mais surtout, je leur rappellerais que l’Etat gestionnaire de flotte automobile, qui s’était fixé un objectif ambitieux de 25% d’achat de véhicules électriques et hybrides en 2013 a rempli cet objectif : nous sommes passés de moins de 100 véhicules « propres » achetés en 2012 à plus de 1200 en 2013 ! Cela grâce à la mobilisation exceptionnelle de nos acheteurs et gestionnaires de flottes automobiles.

La mobilité écologique et économique, cela fonctionne et c’est aujourd’hui un défi que j’invite tous les gestionnaires de flottes automobile et tous les chefs d’entreprises français à relever !

Propos recueillis par Louis DAUBIN

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