Publié le 23 novembre 2022 | par Bertrand Gay

Reiner Hoeps  : « Nos électriques nous permettront de garder la clientèle des gros rouleurs »

Le président de Mercedes-Benz France souligne que ses ventes de voitures électriques progressent. Il estime que les futurs progrès des batteries permettront de répondre plus aisément aux besoins des gros rouleurs. Reiner Hoeps estime qu’ils vont attribuer une plus grande importance au confort et au bien être à bord.

Kilomètres Entreprise : Quel bilan faites-vous de l’année 2022 sur le marché français ?

Reiner Hoeps : Pour nous, le mouvement vers la voiture électrique constitue l’évolution plus marquante. Au cours des années précédentes, nous disions « Le futur, c’est Electric First », désormais c’est « Electric Only ». Cela signifie qu’à partir de 2025, tous les lancements seront 100 % électriques, avec quelques exceptions sur les marchés internationaux seulement. Cette tendance à l’électrification va se combiner avec le renforcement du positionnement de la marque vers le luxe.

Nous avions l’EQC puis les EQA et EQB, qui sont dérivés des GLA et GLB, et désormais, sur une toute nouvelle plateforme conçue spécialement pour les motorisations électriques, les EQE et EQE SUV ainsi que les EQS et EQS SUV.

Les effets de cette gamme de plus en plus complète commencent à se sentir sur les ventes. Au cours des deux derniers mois nous avons vendu plus d’électriques que de diesel. Par ailleurs, les hybrides rechargeables, essence et diesel, restent très demandées. Dans la vie réelle, un grand SUV hybride rechargeable consomme environ 7 litres aux 100 kms.

Kilomètres Entreprise : La motorisation électrique modifie t’elle l’équilibre des ventes entre les SUV et les berlines ?

R.H. : La performance du véhicule électrique dépend beaucoup de l’aérodynamique. Avec des Cx de 0,21 pour l’EQS et de 0,22 pour l’EQE, nous sommes bien placés. Mais les SUV peuvent également être assez efficaces sur ce point. Et notre concept EQXX a démontré que nous pouvions avoir un Cx de 0,17. Grâce à ses batteries de nouvelle génération, cela lui a permis de parcourir 1200 kms avec une seule charge. Les nouvelles batteries permettent de stocker plus d’énergie dans un même volume, ce qui augmente le rayon d’action. Je suis confiant car à moyen terme, nous aurons des autonomies réelles comprises entre 600 et 800 kilomètres. Nous annonçons déjà des autonomies sur cycle de plus de 600 kms pour l’EQE.

Kilomètres Entreprise : Un gros rouleur pourra donc utiliser sans problème une voiture électrique ?

R.H. : Oui absolument et nous nous approchons du point de bascule. Actuellement, il est possible de parcourir. Les autonomies augmentent, la recherche et l’atteinte d’une borne sont facilités par de plus en plus d’intelligence à bord de nos voitures. Je pense que nous pouvons garder la clientèle des gros rouleurs grâce à l’évolution des batteries et de la recharge.

Actuellement, les hybrides rechargeables constituent une belle technologie de transition qui permet de s’accoutumer à la recharge. Dès que nos voitures électriques auront une autonomie suffisante, nous n’aurons plus qu’une seule motorisation.

Kilomètres Entreprise : La recharge constitue t’elle actuellement une difficulté pour les clients ?

R.H. : L’augmentation des autonomies aidera à aplanir les difficultés actuelles. De plus, la question des bornes de recharge est fondamentale. Nous avons prix la mesure de cette question il y a de nombreuses années en créant le réseau Ionity. Par ailleurs, nous constatons que les réseaux de pétroliers, Total, BP et Shell, déploient des stratégies d’implantation de bornes à haute puissance.

Nous avons toujours estimé que 80 % de la recharge a lieu soit à domicile, soit sur le lieu de travail. Pour les autres cas de recharge, nous avons Ionity et nous nous apprêtons à investir dans un autre réseau. Celui-ci sera doté de bornes à haute puissance alimentées avec de l’énergie verte.

Si nous désirons accélérer les ventes de voitures électriques, nous devons les accompagner avec des infrastructures suffisantes. Pour cela, le groupe a mis en place au siège de Stuttgart, une direction, dénommée « Charging Infrastructure » centrée sur ces problématiques.

Kilomètres Entreprise : La motorisation électrique charge t’elle la façon de conduire ?

R.H. : Oui, elle modifie la relation que nous avons avec l’automobile. Nous conduisons de manière plus calme. La mécanique devient moins importante qu’auparavant et les aspects bien-être et confort arrivent au premier rang. 

Kilomètres Entreprise : La conduite passe-t-elle au second plan ?

R.H. : Grâce aux différentes technologies d’assistance, la conduite d’une voiture est devenue de plus en plus facile. Et la progression des aides à la conduite appuie cette tendance à l’accroissement du confort dans la voiture. En Allemagne, il est déjà possible, à moins de 60 km/h et dans certaines conditions, d’activer une assistance de niveau 3, sur les Classe S et EQS. Ce niveau d’aide à la conduite sera bientôt disponible en France.

Kilomètres Entreprise : A côté de l’électrification, quelle peut être la place des autres solutions comme les carburants synthétiques ?

R.H. : Tout comme les biocarburants, les synthétiques seront nécessaires pour réduire les niveaux d’émission du parc roulant. Même avec un marché européen entièrement électrique dès 2035, il restera de nombreuses voitures thermiques dans le parc roulant jusqu’en 2050. 

Kilomètres Entreprise : Mercedes a été un pionnier de la pile à combustible il y a plus de 25 ans, quel avenir lui prédisez-vous ?

R.H. : Dans un avenir proche, nous pensons que la pile à combustible, qui produit de l’électricité à partir d’hydrogène, est avant tout destinée aux véhicules qui circulent sur de grandes distances avec de la charge, comme les poids-lourds, les cars et bus. A plus long terme, cela pourrait convenir à des véhicules plus légers comme les utilitaires et les gros SUV, mais les voitures électriques à batterie progressent vite et conviennent bien à ces véhicules.

Kilomètres Entreprise : Justement, comment observez-vous l’électrification des véhicules utilitaires légers ?

R.H. : Le passage du VU à l’électrique sera plus rapide que ce que nous imaginions il y a quelques années, en raison des nombreux cas d’utilisation des utilitaires en ville mais également en raison de certaines législations.

L’EQV, qui se place sur le créneau des navettes destinées au transport de passagers constitue le bon exemple d’un cas d’usage qui fonctionne bien avec l’électrique. A l’inverse, les véhicules réalisant plusieurs centaines de kilomètres par jour ne peuvent pas encore passer à l’électrique.

Kilomètres Entreprise : Comment les entreprises vont-elles accepter les surcoûts du véhicule électrique ?

R.H. : Les véhicules de livraison urbaine basculent en électrique et ils sont plus chers, c’est un fait. Mais actuellement sur le marché de l’occasion, les valeurs des véhicules électriques sont assez hautes. Or les valeurs de reprise, sont importantes dans le mode de calcul des loyers. De plus, l’entretien d’un véhicule électrique est moins coûteux que celui d’un véhicule diesel.

Finalement, je pense que 2035 constitue un horizon long terme qui facilite l’établissement d’une feuille de route pour les constructeurs et pour leurs clients.

Kilomètres Entreprise : Quelle analyse faites-vous des récents changements intervenus dans le monde de la location longue durée comme l’acquisition de LeasePlan par ALD ou l’arrivée du Crédit Agricole ?

R.H. : Les loueurs longue durée sont des partenaires mais ils viennent également perturber le lien que nous avons avec le client final. Je n’ai jamais été d’accord avec les loueurs qui nous disent qu’ils s’occupent des clients à notre place. Nous désirons garder le lien avec nos clients. Nous le faisons avec les outils financiers sous la marque Mercedes, mais aussi par le biais d’Athlon.

Par ailleurs, nous désirons que les voitures d’occasion reviennent dans notre réseau plutôt que chez les loueurs.

Kilomètres Entreprise : Estimez-vous que de nouveaux concurrents arrivent sur le segment de marché de Mercedes ?

R.H. : Nous sommes actuellement face à six marques concurrentes. Mais, nous devons reconnaître que les règles du jeu sont en train de changer. De nouvelles marques sont en train d’émerger et celles-ci peuvent devenir de sérieux compétiteurs à l’avenir. Mais, la marque et l’historique vont rester des éléments importants. C’est pour cela, qu’en plus de son confort, sa sécurité et ses technologies, une Mercedes constitue toujours le meilleur choix.

Propos recueillis par Louis Daubin et Bertrand Gay

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