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KMS : Ford revient en force sur l’E85. Quelle est la raison de cette stratégie ?
L.-C. Vignon : Dès le printemps, notre offre sur l’E85, appelée FlexFuel, va effectivement se développer. Nous proposerons le bioéthanol sur la Fiesta, le Puma, mais également sur les Focus et Kuga hybrides, sans oublier sur la Fiesta Van et le Transit Custom. Nous serons ainsi le seul constructeur à commercialiser une offre E85 aussi complète qui se déploiera, et sur la voiture particulière avec quatre modèles, et sur le véhicule utilitaire, avec deux modèles. Notre gamme couvrira ainsi 85 % des besoins du marché des entreprises. De plus, proposer une offre hybride et bioéthanol ne pourra que les séduire, car le TCO sera excellent.

KMS : Malgré une surconsommation ?
L.-C. Vignon : Effectivement, un modèle à l’E85 à motorisation égale consomme 20 % de plus que son homologue thermique. Cette différence est liée au pouvoir calorifique de ce carburant qui est moindre que celui du sans plomb. Mais c’est à mettre en parallèle avec le prix du carburant ; il est en moyenne de 0,70 €/l (nous l’avons vu à moins de 0,60 €/l dans l’ouest de la France NDLR) contre 1,47 €/l pour le SP95-E10, soit un coût du poste carburant divisé de plus d’un tiers.

KMS : Ce n’est pas la première fois Ford que se lance sur l’E85…
L.-C. Vignon : Au début des années 2000, nous étions très avancés sur ce sujet. Plus récemment, sur l’ancienne génération de Kuga, le bioéthanol a rencontré un franc succès, notamment auprès des professions libérales, des infirmières par exemple. Pour les sociétés et les flottes, il est vrai, nous devons encore faire preuve de pédagogie. Pourtant, outre le prix du carburant, je rappelle que ses avantages fiscaux sont très nombreux : la carte grise est réduite voire gratuite dans certains départements, le véhicule dispose de la vignette Crit’Air 1, et surtout, il est comme les véhicule hybride rechargeable, exempté de TVS sur une durée de douze trimestres. L’E85 permet donc de réduire le TCO à moindre frais par rapport à d’autres technologies.

KMS : Quel sera le coût des versions E85 ?
L.-C. Vignon : Par rapport à un équivalent essence, le surcoût sera de quelques centaines d’euros.

KMS : Quelles sont vos ambitions sur l’E85 ?
L.-C. Vignon : Elles sont importantes. Nous comptons vendre 20 000 modèles E85 cette année. Ce carburant remplacera d’ailleurs la version diesel sur la Fiesta. Il s’agit d’une alternative très intéressante qui permet aux flottes de disposer d’un véhicule vertueux sans passer forcément par la case hybride.

KMS : Est-il difficile de trouver de l’E85 ?
L.-C. Vignon : En 2019, 1900 stations distribuaient du bioéthanol. L’année dernière, leur nombre est passé à 2300, ce qui représente plus d’une station sur cinq. Je rappelle que la France est le premier producteur européen de bioéthanol. Les pétroliers sont d’ailleurs très intéressés par le sujet. En 2019, le premier distributeur de bioéthanol en France en nombre de stations était le réseau Intermarché. En 2020, l’enseigne de distribution s’est fait dépasser par… Total. Preuve que l’E85 est un carburant d’avenir et qui a toute sa place dans une flotte d’entreprise.

KMS : Quelle sera votre politique concernant les flottes ?
L.-C. Vignon : Comme nous l’avons vu, l’E85 coche toutes les cases : un TCO avantageux et une fiscalité réduite. Il est donc parfaitement adapté aux besoins des entreprises qui sont pour Ford une cible privilégiée.

Propos recueillis par Christophe Bourgeois et Louis Daubin