Publié le 23 juin 2016 | par Rédaction

1) Le marché français des utilitaires devrait retrouver un peu de couleurs en 2016 sous l’effet de l’anticipation de l’arrivée de la norme Euro 6 et par l’arrivée de nouveaux modèles.
2) La norme Euro 6 va entraîner un surcoût à l’achat mais pas nécessairement à l’entretien ni en coût de détention étant donnée la consommation de carburant inférieure de ces modèles.
3) La part des aménagements simplistes, voire fabriqués par les utilisateurs eux-mêmes, est encore très élevée. Un aménagement élaboré par un professionnel est pourtant un gage de sécurité, de gain de temps et de productivité.
4) Il faut lutter sans cesse contre la surcharge ; l’idée du passage à un PTAC de 4,5 T avec le permis B semble être une solution intéressante et plébiscitée par l’ensemble des intervenants de notre table ronde.

Un marché en légère croissance

Comment s’est comporté le marché des utilitaires légers (PTAC inférieurs à 3,5 T et pouvant être conduits avec le permis B) en 2015 ? Quelles sont les grandes tendances pour 2016 ? « Le marché des VUL, hors camping-cars et immatriculations tactiques, a enregistré un progression assez faible en 2015 et a été marqué par une guerre des prix intensive maintenue par certains constructeurs. Pour 2016, nous retrouvons la même à peu près la même tendance mais avec une situation plus saine. Sur les trois premiers mois de 2016, le marché a progressé de 9,5 % soit 8 600 véhicules de plus qu’en 2015, dont environ 4 500 vers les sociétés et la location longue durée en environ 3 700 vers des loueurs courte durée » explique Pierre Laromiguière, responsable Véhicules Utilitaires Citroën Business.

Une situation confirmée par l’autre représentant du groupe PSA, Laurent Bizet, responsable véhicules utilitaires Peugeot Professionnel France : « Nous avons effectivement enregistré un pic de commandes en ce début d’année 2016. Cela est vraisemblablement lié à un phénomène d’anticipation des entreprises qui renouvellent leurs véhicules avant l’entrée en vigueur de la norme antipollution Euro 6 au 1er septembre prochain ». « Le paysage est globalement meilleur et il y a une vraie lueur d’optimisme avec la progression que nous constatons au niveau des ventes vers les vraies sociétés, l’administration et la location longue durée. Cette augmentation représente un vrai appel d’air pour les constructeurs » renchérit Pierre Laromiguière. « Il ne faut pas oublier que l’année 2013 a été une grosse année au niveau de la location longue durée et qu’il y a aujourd’hui un effet mécanique de renouvellement. A cela, il faut effectivement ajouter le phénomène d’anticipation de certaines entreprises au passage à l’Euro 6 avant l’automne.

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Quant à la location courte durée, il faut arrêter de la considérer de façon péjorative car cela participe au paysage des VUL en France. Au bout du loueur courte durée il y a toujours un utilisateur, professionnel ou non » affirme Jean Margerie, directeur commercial et marketing Gruau – Sortimo by Gruau. Jean Chavane, responsable des ventes grands comptes Mercedes Benz Vans France partage cet avis sur la location courte durée : « la courte durée est plus qu’une variable d’ajustement ; au bout, il y a effectivement un client utilisateur et beaucoup de clients professionnels ». Il poursuit à propose du marché : « Je pense aussi que le dynamisme actuel du marché et le niveau de commandes très important sur les trois premiers mois de l’année est en grande partie dopé par l’arrivée de la nouvelle norme antipollution Euro 6 et que beaucoup de flottes anticipent leur renouvellement de véhicules.

En ce qui concerne Mercedes Benz, nous avons décidé un passage anticipé à l’Euro 6 et tous nos VUL ne seront plus disponibles qu’en Euro 6 dès juin. En revanche, d’autres constructeurs ont décidé de jouer la montre et profiter de l’avantage tarifaire des version Euro 5 pour le moment ». « Pour moi, la location courte durée fait partie des immatriculations tactiques de certains constructeurs au moins au niveau de certaines périodes pour améliorer les résultats par rapport au calendrier. Cela étant, il y a eu une modification profonde du marché de la location courte durée avec le développement de la location par les enseignes de la grande distribution qui a permis une nouvelle offre dans la France profonde. D’ailleurs, certains artisans ont recours à ce type de location ponctuellement. Nous assistons de ce point de vue à une rationalisation de l’utilisation des véhicules » ajoute Pierre Laromiguière.

«Aujourd’hui, il y a effectivement une demande forte sur une utilisation ponctuelle de véhicules utilitaires sur quelques jours. Nous nous appuyons aussi de plus en plus sur la courte durée via des partenariats pour répondre à ces besoins ponctuels de nos clients » confirme Frank Daurensan, responsable achats – après-vente Leaseplan France.

LLD : des loueurs plus attentifs au VUL

Cette prise en compte des attentes des professionnels utilisant des VUL dans le cadre de leur activité semble se généraliser au niveau des loueurs longue durée comme l’explique Philippe Huillard, chargé de mission département VU et deux-roues ALD Automotive France : « Nous aménageons de plus en plus nos VUL pour répondre à ces besoins spécifiques de nos clients professionnels, y compris sur de la moyenne durée en cas de pic d’activité par exemple. Il y a une forte hausse de la demande sur ce type de besoin. Nous poursuivons notre politique de développement d’équipement de nos centres pour la moyenne durée avec des gros fourgons ou des caisses grand volume de 20 m3 par exemple ».

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« Cela étant, les loueurs longue durée sont dans une approche VUL qui n’intègre généralement que les fourgons d’origine. Ils sont beaucoup plus frileux en matière de véhicule modifié ou carrossé. Il leur faut devenir plus professionnels avec ce type de véhicule » tempère Jean Chavane, responsable des ventes grands comptes Mercedes Benz Vans France. « En matière d’utilitaires, le diable est dans le détail. C’est pour cela que nous travaillons de plus en plus avec les spécialistes VU des constructeurs, les carrossiers et les aménageurs pour la construction de notre gamme et pour pouvoir répondre aux besoins de nos clients finaux. Les aménagements sur-mesure sont une aide pour notre force commerciale pour disposer d’une offre plus compétitive » ajoute Philippe Huillard.

Quelle VR pour quel VU ?

Quelles sont les valeurs résiduelles des véhicules utilitaires et comment estimer la VR de modèles carrossés, plus spécifiques ? « Nous rentrons de plus en plus dans le détail des valeurs résiduelles de nos véhicules utilitaires. Certains gros équipements comme les caisses grands volumes méritent d’être valorisés parce qu’ils ont une deuxième voire une troisième vie. Nous travaillons pour obtenir la meilleure valeur à la revente » explique Philippe Huillard, chargé de mission département VU et deux-roues ALD Automotive France. « Tout dépend de la carrosserie ou de l’aménagement du véhicule et de la durée de détention. Plus le client conserve et utilise longtemps son véhicule et plus la valeur résiduelle descend » affirme Jean Margerie, directeur commercial et marketing Gruau – Sortimo by Gruau.

« Dans certains cas, la durée du contrat peut aller jusqu’à 60 mois et la VR s’en ressent » confirme Frank Daurensan, responsable achats – après-vente Leaseplan France. « Aujourd’hui, certaines sociétés de transport de petits colis utilisent des véhicules très équipés, tant au niveau de la carrosserie que de l’aménagement intérieur. La durée de détention de ce type de véhicule s’allonge pour aller jusqu’à 5 ou 6 ans. Le marché se transforme et les loueurs longue durée deviennent des acteurs prépondérants du marché du utilitaires en se professionnalisant de plus en plus » explique Jean Chavane, responsable des ventes grands comptes Mercedes Benz Vans France.

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« De ce point de vue, il convient de séparer l’approche des loueurs longue durée généralistes comme Leaseplan ou ALD ici présents et les loueurs longue durée techniques comme Fraikin ou Petit Forestier. Ces derniers disposent d’une excellente expertise en matière de VUL. Les premiers ont désormais tendance à développer leur offre en matière de VUL carrossés. Chez Gruau, nous avons d’ailleurs créé un département longue durée pour déterminer les valeurs résiduelles des VUL en partenariat avec ces loueurs longue durée. Certains véhicules carrossés, comme les véhicules pour le transport de personnes à mobilité réduite, peuvent disposer d’une très belle VR étant donné leur rareté sur le marché de l’occasion. Quant aux châssis-cabine grand volume, ils peuvent tout à fait être recarrossés en benne. Nous assurons des transformations neuves sur VO qui sont très recherchées » précise Jean Margerie. « Nous sommes au niveau de la politique de recommercialisation des véhicules.

Un véhicule peut très bien être un fourgon grand volume en location courte durée pendant deux ou trois ans et ensuite être transformé en un véhicule carrossé plus rare comme un porte voiture en aluminium. Cette seconde vie permet de bien valoriser le véhicule » confirme Jean Chavane. « Il y a effectivement une accélération de la demande de ce genre de véhicule en seconde vie. Les VUL actuels sont très fiables, posent moins de soucis et les carrossiers ont travaillé pour trouver des solutions techniques pour la carrosserie de ces véhicules de seconde vie » sourit Frank Daurensan.

« Désormais, nous avons appris à aller au-delà de 60 mois quand cela est nécessaire et que le véhicule répond à une demande spécifique. ALD a beaucoup travaillé pour développer son expertise en matière de VUL, en partenariat avec les carrossiers et les aménageurs. Nous disposons d’un bon savoir-faire vis-à-vis des grandes flottes mais il nous reste encore des progrès à faire au niveau des entreprises de plus petite taille » renchérit Philippe Huillard.

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« Aujourd’hui, la notion de valeur résiduelle est importante mais il ne faut pas non plus négliger la part des frais de remise en état sur certains véhicules dotés de carrosseries ou d’aménagements spécifiques » précise Arnaud Martinet, chef du département Toyota Entreprise et occasion Toyota France. « Il y a naturellement une différence d’approche entre les VUL et les voitures particulières. Nous accordons une attention particulière à tout ce qui touche aux systèmes de sécurité.

Un VUL comme une benne peut avoir une seconde vie même si l’esthétique n’est pas très flatteuse alors qu’il fonctionne très bien » ajoute Philippe Huillard. « Nous constatons depuis plusieurs années une amélioration de l’état des véhicules en fin de vie du contrat. Les VUL sont globalement en bien meilleur état. Cela s’explique par l’amélioration de la fiabilité des véhicules et des carrosseries mais aussi par une plus grande sensibilisation des utilisateurs par les responsables de l’entreprise. Il est absolument nécessaire d’effectuer une formation et de communiquer les informations nécessaires à la bonne utilisation du véhicule » affirme Franck Daurensan. « Il est évident que si le client ne prend pas soin de son véhicule cela entraîne forcément des pannes donc des immobilisations d’où une perte d’exploitation.

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Il ne faut pas non plus négliger les fortes contraintes d’entretien de certains équipements comme les hayons » renchérit Laurent Bizet, responsable véhicules utilitaires Peugeot Professionnel France. « Nous travaillons pour réduire les frais de remise en état notamment en proposant des équipements de confort et de sécurité permettant d’éviter la détérioration du véhicule à l’image du radar de recul avant et arrière, la caméra de recul, les capteurs d’angle mort…

Ces différents équipements ont une incidence positive sur l’état du véhicule et sa valorisation lors du retour en fin de contrat. La comparaison du coût de ces options sur le loyer, de 1,50 à 2 euros par mois, est minime par rapport aux économies qu’elles peuvent générer » souligne Jean Chavane. « Ces équipements sont entrés dans les mœurs dans les grandes entreprises mais pas encore dans les entreprises de plus petite taille ; cela est dommage car le gain est effectivement réel. Nous intervenons sur la « pré-restitution » pour que le client prenne conscience de l’état de son ou ses véhicules utilitaires. Cela concerne notamment les sinistres non déclarés. Nous pouvons mettre en place des visites régulières pour assurer un suivi régulier de l’état des véhicules et mettre en place des politiques de sensibilisation par rapport à l’accidentologie, généralement plus élevée avec les VUL.

Ces plans de prévention permettent d’avoir des résultats positifs sur les frais de remise en état et les coûts de détention à terme » confirme Philippe Huillard. « Cette prise en considération des conditions d’utilisation des VUL est souvent le fait de grande société avec des parcs supérieurs à 50 véhicules. Il est bien entendu souhaitable que les entreprises plus petites s’emparent de ces problématiques » renchérit Arnaud Martinet, chef du département Toyota Entreprise et occasion Toyota France.

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« Il ne faut pas non plus négliger l’entretien de la carrosserie qui se doit d’être effectué dans un réseau de carrossier constructeur. Si les véhicules sont bien utilisés, il est possible d’envisager la réutilisation de certains éléments sur de nouveaux véhicules comme pour les aménagements de chez Sortimo by Gruau » lance Jean Margerie.

« La rénovation pour la réutilisation de mobilier est effectivement une réalité et représente environ 15 % de notre activité. Nous assurons cette prestation depuis une dizaine d’années et entre 40 à 60 % des aménagements sont réutilisés. La seule contrainte est davantage d’ordre logistique que technique. Si c’est bien organisé, cela peut être économiquement très intéressant. Il y aussi une prise de conscience au niveau de la gouvernance et du développement durable par les responsables des entreprises. Il y a une vraie volonté d’éducation des utilisateurs pour prendre mieux soin du matériel » confirme Philippe Tavel, directeur général de Modul System France. « D’où l’importance de la présence d’un réseau pour faciliter l’aspect logistique pour les utilisateurs. Par ailleurs, les loueurs longue durée ont pendant longtemps peu été sensibles à la valorisation et au financement de l’aménagement du véhicule. Heureusement, cela est en train de changer » conclut Jean Margerie.

De nouvelles attentes clients

Face au développement de nombreux nouveaux modèles et une segmentation de marché toujours plus fine, notamment grâce au développement des versions de chaque modèle, quelles sont les nouvelles tendances ? « Les entreprises raisonnent de plus en plus en coût d’utilisation. Or, les loyers sont parfois très proches entre une fourgonnette compacte comme le Némo et une fourgonnette de taille supérieure comme le Berlingo alors que la seconde offre une plus grande polyvalence. Cela explique en partie la faiblesse du niveau des ventes des fourgonnettes compactes.

En revanche, nous fondons beaucoup d’espoir sur la nouvelle gamme de Jumpy, y compris dans sa version compacte qui offre un volume utile important et une charge utile maxi de 1 400 kilos dans une longueur totale limitée » sourit Pierre Laromiguière, responsable Véhicules Utilitaires Citroën Business. « Une fourgonnette compacte, à vocation urbaine, sans porte latérale coulissante, comme cela existe, est un non-sens » lance Stephan Bosc, responsable commercial Paris Ile-de-France Durisotti.

« Nous croyons beaucoup à la version compacte des nouveaux Jumpy et Expert. Il permet en effet d’offrir 5 m3 et 1 400 kilos de charge utile dans seulement 4,60 m de long. Cela va dans le sens actuel des entreprises qui souhaitent des véhicules plus compacts mais offrant une belle polyvalence d’utilisation » reprend Laurent Bizet, responsable véhicules utilitaires Peugeot Professionnel France.

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Autre segment de marché qui concentre l’attention de nombreux nouveaux constructeurs : le pick-up avec une tonne de charge utile. Pas moins de trois constructeurs (Renault, Fiat et Mercedes ainsi que très probablement PSA Peugeot-Citroën) devraient arriver prochainement sur ce segment, nouveau pour eux. « Nous travaillons sur un pick-up 1 tonne et il devrait être lancé d’ici 2018 » confirme Jean Chavane, responsable des ventes grands comptes Mercedes Benz Vans France.

« Il convient de faire très attention à la fiscalité liée à ce type de véhicule, surtout avec les versions double cabine. Il y a régulièrement une remise en cause de la déductibilité de la TVA par les services fiscaux avec un reclassement au niveau de la TVS » explique Didier Respy, responsable fiscalité Leaseplan France. « Il y a effectivement plusieurs problèmes par rapport à la fiscalité des pick-up. Ils sont exonérés de TVS, le problème est désormais réglé. En revanche, il y a toujours un vrai problème avec la récupération de TVA. Normalement, les versions double cabine avec 5 places ne peuvent pas en bénéficier. Le segment des pick-up une tonne a été très stable en France ces dix dernières années avec environ 12 000 immatriculations par an et assez peu d’acteurs historiques.

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Environ 70 à 75 % des ventes sont des ventes à société mais souvent l’utilisation professionnelle est liée à une utilisation personnelle. Le downsizing avec des motorisations mieux adaptées à la fiscalité française et une nette amélioration du confort de ce type de véhicule expliquent cette double utilisation » explique Arnaud Martinet, chef du département Toyota Entreprise et occasion Toyota France. « La récupération de la TVA sur les dérivés fiscaux et les cabines approfondies reste toujours problématique. Plus que les litiges avec l’administration fiscale, ce sont les litiges avec les comptables auxquels sont le plus souvent confrontés les responsables des entreprises.

Beaucoup de comptables affirment que la TVA n’est pas récupérable alors qu’elle peut l’être sur de nombreux modèles » précise Pierre Laromiguière, responsable Véhicules Utilitaires Citroën Business. « Il existe des aménagements sur pick-up. Cela se développe beaucoup et permet de disposer d’un véhicule efficace en tout-terrain et adapté aux besoins des professionnels » renchérit Arnaud Martinet. « Nous proposons effectivement du mobilier spécifique pour les pick-up avec notamment de longs tiroirs ou des meubles avec plancher coulissant » confirme Philippe Tavel, directeur général de Modul System France.

Euro 6 : risque ou opportunité ?

Le passage à la nouvelle norme Euro 6, principalement axée sur les émissions de NOx et nécessitant un post-traitement des gaz d’échappement, va entraîner un surcoût à l’achat. Comment nos intervenants appréhendent l’entrée en vigueur de cette norme au 1er septembre prochain ? « Comme déjà évoqué, de nombreuses entreprises ont choisi d’anticiper le renouvellement de leur parc pour encore rouler avec des modèles Euro 5 pendant quelques années » affirme Philippe Tavel, directeur général de Modul System France. « La norme Euro 6 est effectivement axée sur le traitement des oxydes d’azote (ou NOx) et nécessite une transformation chimique qui fait appel à un additif : l’Addblue. Cela existe depuis 2005 sur les poids lourds et ne pose pas de problème particulier. En fonction de l’utilisation, il suffit de refaire le plein du réservoir d’Addblue tous les 10 à 15 000 kilomètres. Aujourd’hui, il n’y a plus de difficulté à trouver de l’additif dans de très nombreuses stations-services » explique Jean Chavane, responsable des ventes grands comptes Mercedes Benz Vans France.

« Je ne suis pas d’accord. Pour nous, l’Addblue représente une vraie problématique à gérer. D’une part nous avons constaté, sur les voitures particulière principalement, des erreurs de calibrage dans le calcul d’autonomie restante en additif étant donné qu’il n’y a ni jauge ni contrôle du poids du réservoir et d’autre part nous avons déjà dû faire face à des erreurs de liquide, certains lave-glaces ou liquides de refroidissement ayant la fâcheuse idée d’être bleu comme l’Addblue. Enfin, l’Addblue doit être géré et nous préconisons dans la mesure du possible, de faire appel au réseau lors des révisions pour éviter ce genre de problème. Pour moi l’Addblue est un produit technique et doit être intégré dans l’entretien du véhicule » souligne Frank Daurensan, responsable achats – après-vente Leaseplan France.

« Le système de retraitement des gaz SCR n’a pas de conséquence directe sur la partie moteur des véhicules. Ce traitement a lieu au niveau de l’échappement seulement » lance Jean Margerie, directeur commercial et marketing Gruau – Sortimo by Gruau. « Néanmoins, nous rencontrons, avec ce type de véhicule et leur système d’échappement complexe, des problèmes dans la réalisation de certaines carrosseries comme les kit de décaissement pour les véhicules TPMR par exemple » ajoute Stephan Bosc, responsable commercial Paris Ile-de-France Durisotti. « Lors de l’arrivée du nouveau Partner Euro 6 l’année dernière, certains carrossiers ont effectivement rencontré des soucis pour certaines réalisations. C’est pour cela que pour le nouvel Expert, lancé cet été, nous avons impliqué les carrossiers plus en amont dans l’élaboration de notre nouveau modèle, Euro 6 bien entendu » reprend Laurent Bizet, responsable véhicules utilitaires Peugeot Professionnel France.

« Sur les véhicules les plus imposants, le vrai souci n’est pas taille du système de retraitement des gaz d’échappement mais le poids de l’ensemble du système et donc la charge utile. Sur certains aménagements, comme avec des châssis double cabine avec une benne, nous sommes au kilo près. Les 50 à 60 kilos du système de dépollution Euro 6 peut alors être un problème » explique Jean Margerie. « Nos nouvelles générations de moteurs sont plus légers et cet allégement compense le surpoids du système de dépollution. Il ne reste plus que la « panique » injustifiée liée aux coûts d’utilisation. Là encore, ces moteurs de dernière génération impose le recours à l’Addblue mais affichent des consommations de carburant inférieures » affirme Pierre Laromiguière, responsable Véhicules Utilitaires Citroën Business.

Jean Chavane, responsable des ventes grands comptes Mercedes Benz Vans France analyse les choses de la même façon : « Il ne faut pas s’arrêter au surcoût à l’achat parce que les modèles Euro 6 consomment moins et qu’ils disposent d’une meilleure valeur résiduelle, ce qui permet de lisser le surcoût d’achat sur la durée de location. L’impact sur le loyer pour une durée de 48 mois est à peine de 5 euros par mois ».

Plus d’équipements de sécurité

Les utilisateurs professionnels sont-ils aussi soucieux de leur sécurité lorsqu’ils achètent des VUL que lorsqu’ils achètent des voitures particulières ? « Le nombre et la diversité des équipements de sécurité dépend directement de la génération d’utilitaire à laquelle appartient le modèle choisi. Le nouveau Jumpy peut ainsi disposer d’un radar adaptatif, de la lecture des panneaux de vitesse au tableau de bord, du système de freinage d’urgence active city brake. Le niveau 3 d’équipement correspond à la majorité de nos ventes de VUL et sont ainsi dotés d’un régulateur /limiteur de vitesse par exemple » affirme Pierre Laromiguière, responsable Véhicules Utilitaires Citroën Business.

« Pour les clients flottes et les grands comptes, il faut que ces systèmes d’aides à la conduite et à la sécurité soit transversaux et présents sur tous les modèles de la gamme » confirme Laurent Bizet, responsable véhicules utilitaires Peugeot Professionnel France. « De ce pont de vue là aussi, nous nous confrontons au nerf de la guerre. Il y a le prix de la sécurité et le prix que le client est prêt à mettre. Aujourd’hui, nos VUL disposent des mêmes équipements de sécurité que nos voitures particulières mais cela a forcément un coût. Le niveau d’exigence en termes d’équipements de sécurité n’est pas le même pour les voitures et les VUL. Cela étant, nous nous efforçons de proposer des véhicules le plus sûr possible avec, par exemple, le système de contrôle de la pression des pneus, le double airbag et le cross wind assist, système de contrôle en cas de coup de vent latéral, en série sur le Vito » précise Jean Chavane, responsable des ventes grands comptes Mercedes Benz Vans France.

« Au-delà de tous ces équipements, il me semble que le contrôle de la charge utile est essentiel » tempère Philippe Tavel, directeur général de Modul System France. « Il est vrai que les VUL modernes, notamment du fait des normes de sécurité et de confort, ont pris plusieurs centaines de kilos par rapport aux modèles d’il y a une vingtaine d’années » ajoute Jean Margerie, directeur commercial et marketing Gruau – Sortimo by Gruau. « La surcharge est un vrai problème sur les VUL surtout quand on sait qu’un mètre cube de sable sec, c’est une tonne. Avec un mètre cube de sable mouillé, on est en surcharge puisque la charge utile moyenne d’une benne sur VUL 3,5 T est de 900 kilos à une tonne » sourit Jean Chavane. « Lorsque l’on parvient à parler assurance avec le client, nous insistons beaucoup sur ce problème de la surcharge pour les VUL.

Cette problématique et les contrôles plus fréquents font que ce problème devient plus présent à l’esprit des responsables de flottes » affirme Frank Daurensan, responsable achats – après-vente Leaseplan France. « Pour lutter contre cela, il existe des outils de contrôle de la charge embarquée et les grosses entreprises de BTP pèsent systématiquement les véhicules à la sortie de l’entreprise pour éviter ces problèmes. La prise de conscience provient de l’encadrement de l’entreprise mais aussi des CHSCT dans les grandes sociétés. La limite à 3,5 tonnes n’est pas à la hauteur pour beaucoup de métiers » précise Jean Margerie. « C’est dans le cadre de la lutte contre la perte de charge utile que nous essayons de proposer des aménagements les moins lourds possible, sans jamais remettre en cause la sécurité bien sûr. Cette lutte contre le poids est essentielle et nous suivons les constructeurs de ce point de vue. Tous les matériaux ont évolué pour offrir une résistance satisfaisante tout en étant plus légers afin d’assurer un maximum de charge utile pour l’utilisateur.

En dix ans, le poids de nos aménagements ont diminué de 50 % » énonce Philippe Tavel. « Nous travaillons également sur des aménagements faisant appel à des aciers plus légers pour garantir la sécurité des occupants et des marchandises transportées avec un maintien de la charge utile » confirme Johan Petersson, business development manager Europe System Edström. « Désormais, les aménagements sont plus ergonomiques et moins lourd » conclut Frank Daurensan.

La part des véhicules aménagés ?

Si l’aménagement des fourgons est synonyme de meilleure ergonomie mais aussi de gains de productivités et de plus de sécurité, ce type d’équipement est-il très présent dans les VUL français ? « Cela dépend de ce que l’on appelle aménagement. Si on se cantonne au plancher et aux protections de parois, presque tous les VUL sont aménagés. Si on parle de mobilier et d’organisation de l’espace de chargement, effectué par une société spécialisée, on tombe à environ 20 % du parc seulement.

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Le problème est de pouvoir estimer la part de véhicules aménagés au sein des toutes petites entreprises et des artisans » lance Philippe Tavel, directeur général de Modul System France. « Cette part est très importante en prenant en compte n’importe quel aménagement. Or, un VUL et son aménagement doit être adapté au métier de l’utilisateur » acquiesce Jean Margerie, directeur commercial et marketing Gruau – Sortimo by Gruau.

« Cette faible part de véhicules aménagés explique le développement du nombre d’acteurs sur le marché français de l’aménagement. La tendance à l’augmentation du pourcentage de VUL équipés promet un bel essor de ce marché » expose Johan Petersson, business development manager Europe System Edström. « Il ne faut pas négliger l’impact positif d’un aménagement bien conçu sur la productivité. D’ailleurs, il faut souligner la part croissante de VUL aménagés proposés par les loueurs longue durée, preuve que le phénomène est en développement » ajoute Jean Margerie.

VUL électriques ou GNV

La part des utilitaires électriques ou fonctionnant au GNV, considérés comme des VUL « propres », reste très faible. Quel est le sentiment des intervenants de notre table ronde vis-à-vis de ces VUL propres ? « Nous avons été parmi les premiers à être qualifiés pour intervenir sur les véhicules électriques et nous n’en n’avons jamais aménagé un » explique dans un éclat de rire Philippe Tavel, directeur général de Modul System France. « Chez Gruau nous croyons beaucoup au véhicule électrique et ce depuis longtemps. Nous avons lancé en fin d’année dernière l’Electron II, après un investissement de 15 millions d’euros. L’Electron II repose sur la base d’un VUL 3,5 T bien connu mais fait appel à une chaîne de traction modulable maison. Il s’agit d’un complément de l’offre des constructeurs qui n’ont pas encore explorés la solution électrique sur des VUL de grande taille.

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En plus, l’arrivée de restrictions de circulation dans les centres urbains va jouer en la faveur des véhicules électriques » affirme Jean Margerie, directeur commercial et marketing Gruau – Sortimo by Gruau. « L’essor des véhicules utilitaires électriques n’est lié qu’à l’autonomie » précise Philippe Tavel. « Ainsi que le problème du temps de recharge » lance Frank Daurensan, responsable achats – après-vente Leaseplan France. « L’avantage est que sur les véhicules électriques, la charge utile est préservée.

Le problème est le besoin d’autonomie que projette le client et dont il ne se sert jamais » confirme Pierre Laromiguière, responsable Véhicules Utilitaires Citroën Business. « Il y aussi une question de coût d’acquisition et d’absence de visibilité par rapport à la valeur résiduelle » ajoute Jean Margerie. « Chez Toyota, le système hybride est notre cheval de bataille et nous allons continuer à pousser cette technologie » sourit Arnaud Martinet, chef du département Toyota Entreprise et occasion Toyota France. Peut-être allons-nous assister l’apparition du premier fourgon compact hybride avec le nouveau ProAce… Affaire à suivre.

En conclusion

Pour Laurent Bizet, responsable véhicules utilitaires Peugeot Professionnel France « Les VUL sont de plus en plus attractifs et confortables. Le nouvel Expert nous offre de très belles perspectives dans le futur notamment avec cette nouvelle silhouette compacte qui répond à une attente forte par rapport à l’usage actuel des utilitaires en ville ». « Toyota affiche de grandes ambitions en matière d’utilitaires. Nous allons lancer en 2016 le nouveau Hilux et le nouveau ProAce. Nous souhaitons poursuivre le développement de nos ventes à société de façon globale y compris avec des VUL » affirme Arnaud Martinet, chef du département Toyota Entreprise et occasion Toyota France. Selon Philippe Huillard, chargé de mission département VU et deux-roues ALD Automotive France « ALD Automotive doit prendre la place qui lui revient sur le marché français des véhicules utilitaires.

Nous avons l’ambition de maintenir notre niveau de croissance. Nous devons encore développer notre savoir-faire en la matière et mettre en place de nouvelles synergies. ALD dispose d’une stratégie internationale au niveau des VUL avec une gestion des données techniques pour permettre une gestion optimisée des parcs VUL de nos clients ». « Le marché VUL est en hausse et cette augmentation devrait avoir des effets positifs sur l’année 2016 même si le second semestre sera plus dur du fait de l’anticipation de l’entrée en vigueur de la norme Euro 6 à l’automne. La part des véhicules aménagés et carrossés devrait encore progresser et nécessite toujours plus d’innovation. Les loueurs longue durée devraient d’ailleurs jouer un rôle important à ce niveau.

C’est pour cela que nous faisons des immersions auprès de nos clients pour étudier, sur le terrain, les conditions d’exploitations des véhicules et ainsi apporter des solutions optimisées au cas par cas » explique Jean Margerie, directeur commercial et marketing Gruau – Sortimo by Gruau. Selon Philippe Tavel, directeur général de Modul System France, « C’est l’usage qui fait que le client est de plus en plus à la recherche d’un véhicule aménagé en fonction de ses besoins précis ». « Les véhicules utilitaires se sont enrichis ces dernières années et disposent désormais d’éléments de confort et de sécurité. Le nouveau Jumpy dispose d’aides à la conduite qui ne sont même pas disponibles sur les voitures particulières de la marque.

Il faut maintenant s’occuper de la partie arrière du véhicule, l’espace de chargement, et cela passe par l’aménagement » expose Pierre Laromiguière, responsable Véhicules Utilitaires Citroën Business. Un avis partagé par Stephan Bosc, responsable commercial Paris Ile-de-France Durisotti : « L’aménagement des VUL devient effectivement de plus en plus important. Les loueurs longue durée ont intégré récemment les aménagements dans leur offre et cela est une bonne nouvelle pour nous, carrossiers aménageurs. Nous devons développer ce partenariat pour le bénéfice de l’utilisateur final ».

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« La sécurité reste une priorité pour Mercedes. C’est pour cela que nos VUL disposent des mêmes équipements de sécurité que nos voitures particulières. Le problème est qu’aujourd’hui, ces équipements ne sont pas assez valorisés dans les coûts d’utilisation des VUL alors qu’ils ont une influence positive sur le taux de sinistralité et les frais de remise en état des véhicules lors de leur restitution » affirme Jean Chavane, responsable des ventes grands comptes Mercedes Benz Vans France. Selon Frank Daurensan, responsable achats – après-vente Leaseplan France « Il faut que les loueurs longue durée confortent et renforcent la partie conseil des VUL.

Pour cela, il faut nécessairement disposer d’une bonne analyse des besoins des clients et prôner tout système de sécurité qui peut exister. Chez Leaseplan, nous disposons d’un savoir-faire nous permettant désormais de pouvoir conseiller le client sur l’équipement et l’aménagement de ses VUL. Je pense enfin qu’il ne faut pas négliger l’impact grandissant de la télématique sur les conditions d’utilisation des VUL, notamment le contrôle de la charge, la surveillance de la pression des pneus… permettant d’améliorer la sécurité et la fiabilité dans l’exploitation des VUL au quotidien ».

Didier Respy, responsable fiscalité Leaseplan France, revient sur la fiscalité des VUL : « Les VUL profitent encore d’une fiscalité très favorable. Il y a néanmoins des velléités de changement de la part de Bercy pour imposer une TVS sur les VUL à terme. Il y a déjà eu une forte attaque sur les dérivés de VP. Il faut rester vigilant car il peut s’agir d’une source importante de revenus pour l’état ». Le mot de la fin revenant à Johan Petersson, business development manager Europe System Edström : « Il y a une évolution positive du marché français en taux d’équipement en aménagements des VUL. Dans les pays nordiques, ce taux est beaucoup plus important. La notion de sécurité y est plus forte. C’est d’ailleurs pour cela que nous mettons en avant les avantages du mobilier métallique qui est, à résistance équivalente, moins lourd et peut être transféré sur un second véhicule ».

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